C.N.R.S.
 
Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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ABOLITION   
2.

[Par décision hum.] : ...et de nostre dessusdicte plaine puissance et auctorité royalle, faisons, donnons, octroyons abollicion généralle à tous, tant de nostre dessusdit royaume et dominacion, comme aux estrangiers de quelque estat, auctorité ou condicion qu'ilz soient, sur tout ce qu'ilz pevent avoir aidié, servi et donné faveur à nostredit cousin de Bourgoingne à nostre desplaisance et contre nostre volenté depuis la paix faicte à Pontoyse jusques au jour duy, excepté cinq cents personnes non nobles de nostredit royaume, qui ne soient pas subgez, vassalz ou serviteurs de nostredit cousin de Bourgoingne. (Doc. 1415. In : MONSTRELET, Chron. D.-A., t.6, c.1444-1453, 167). ...avec lesquelz ils parlementèrent longuement, requérans très-instamment que absolucion et abolition générale leur fust baillée, portant que ceulx qui voudroient s'en aller ou party et du costé des Anglois s'en allassent librement (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 146). En quoy faisant, ils auront la jouissance paisible de tous leurs biens et héritages quelconques, en quelques endroits qu'ils soient situez et assis, et auront abolicion générale de tous cas et choses quelxconques commises et perpétrées. (Doc. 1451. In : CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 263). ...la ville de Meleun se mist en l'obeissance du Roy, et eurent leur abolicion. [var.] (LE BOUVIER, Chron. Ch. VII, C.C.J., c.1451-1455, 428). Oncques tirannies si horribles ne detestables ne furent faictes ou royaume (...) et tout s'en est alé par dissimulacions, abolissions et remissions (JUV. URS., Verba, 1452, 302). ...au regard de ses comptes il estoit obligié de les rendre, autrement son abolicion ne luy povoit proufiter et procéderoit-on contre luy par adjournemens, sur peine de banissement de ce royaume et de confiscacion de corps et de biens. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 208). Et ilz lui demanderent s'il entretendroit l'abolucion ainsi qu'il estoit dit ; et il dist que ouy. (GRUEL, Chron. Richemont L., c.1459-1466, 118). ...le plus grant seigneur d'Engleterre enprès Edouart a envoié ung home devers ledit de Maulevrier en lui priant qui lui face avoir abolision de la royne d'Engleterre (Louis XI Anglet. C.P., 1462, 287). Mais seront touttes choses passées, par ce present traictiét, remises, abolyes et tenues comme choses non faites et non advenues. Et, se ledit seigneur de Ravestain a aucuns serviteurs ou gens de guerre en France, à La Bassée ou au Chastel en Cambresis, iceulx seront comprins en ce present traittiét et aront abolucion (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 323).

2

ABOLITION   
2.

[Par décision hum.] : ...et de nostre dessusdicte plaine puissance et auctorité royalle, faisons, donnons, octroyons abollicion généralle à tous, tant de nostre dessusdit royaume et dominacion, comme aux estrangiers de quelque estat, auctorité ou condicion qu'ilz soient, sur tout ce qu'ilz pevent avoir aidié, servi et donné faveur à nostredit cousin de Bourgoingne à nostre desplaisance et contre nostre volenté depuis la paix faicte à Pontoyse jusques au jour duy, excepté cinq cents personnes non nobles de nostredit royaume, qui ne soient pas subgez, vassalz ou serviteurs de nostredit cousin de Bourgoingne. (Doc. 1415. In : MONSTRELET, Chron. D.-A., t.6, c.1444-1453, 167). ...avec lesquelz ils parlementèrent longuement, requérans très-instamment que absolucion et abolition générale leur fust baillée, portant que ceulx qui voudroient s'en aller ou party et du costé des Anglois s'en allassent librement (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 146). En quoy faisant, ils auront la jouissance paisible de tous leurs biens et héritages quelconques, en quelques endroits qu'ils soient situez et assis, et auront abolicion générale de tous cas et choses quelxconques commises et perpétrées. (Doc. 1451. In : CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 263). ...la ville de Meleun se mist en l'obeissance du Roy, et eurent leur abolicion. [var.] (LE BOUVIER, Chron. Ch. VII, C.C.J., c.1451-1455, 428). Oncques tirannies si horribles ne detestables ne furent faictes ou royaume (...) et tout s'en est alé par dissimulacions, abolissions et remissions (JUV. URS., Verba, 1452, 302). ...au regard de ses comptes il estoit obligié de les rendre, autrement son abolicion ne luy povoit proufiter et procéderoit-on contre luy par adjournemens, sur peine de banissement de ce royaume et de confiscacion de corps et de biens. (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 208). Et ilz lui demanderent s'il entretendroit l'abolucion ainsi qu'il estoit dit ; et il dist que ouy. (GRUEL, Chron. Richemont L., c.1459-1466, 118). ...le plus grant seigneur d'Engleterre enprès Edouart a envoié ung home devers ledit de Maulevrier en lui priant qui lui face avoir abolision de la royne d'Engleterre (Louis XI Anglet. C.P., 1462, 287). Mais seront touttes choses passées, par ce present traictiét, remises, abolyes et tenues comme choses non faites et non advenues. Et, se ledit seigneur de Ravestain a aucuns serviteurs ou gens de guerre en France, à La Bassée ou au Chastel en Cambresis, iceulx seront comprins en ce present traittiét et aront abolucion (MOLINET, Chron. D.J., t.2, 1474-1506, 323).

3

ACONSUIVRE   
a)

"Rattraper, rejoindre, atteindre (souvent dans une intention hostile)" : ...et, comme il veist que il les avoit assez longuement fraudé et detenu [les stacions des ennemis] pour donner aus legions et aus empeschemens espace de passer, il se requeult en ces tentez et s'en issi par une porte et chevaucha tant que il aconsuist l'ost avant que il feust nuis. (BERS., I, 9, c.1354-1359, 36.10, 66). Les Englois (...) se partirent de la ville et la laissierent et s'en alerent si grant erre, que les François ne les peurent aconsuivre (Chron. norm. 14e M., c.1369-1372, 145). ...et ainsi comme ilz furent alez ensemble environ demie lieue, aconceurent un homme de pié qui aloit le chemin devant eulx (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 134). ...et tant que en un certain lieu les dessus nommez aconsuirent le dit Gressart, et quand ilz l'orent aconsuy, le dit Estor lui dist qu'il se devoit bien haïr, car il avoit fait dommaige, oultrage, travail et villenie à lui (Doc. Poitou G., t.6, 1391, 52). Le roy se fery en l'ost, et y porta moult grant dommage, car il avoit commandé a sa gent, sur paine de la hart, que nul ne prensist prisonnier, mais meist tout a mort, quanqu'il en pourroit aconsuivre. (ARRAS, c.1392-1393, 105). Quant Thereus apperçut le meschief et que ses grans meffait avoit esté sceus, il fu ainsy come tout forsené, sy prist lors une espee, pour occire les dames, et sy eust il fait s'il les peust actaindre, maiz elles s'enfuirent sy tres ysnelement qu'il ne les pot oncques aconsievir (EVR. CONTY, Eschez amour. mor. G.-T.R., c.1400, 426). Et tantost desplacèrent les batailles et chevauchèrent dilliganment en tirant vers une église forte nommée Patay en Beausse, et là furent trouvez et aconçuz iceulx Angloiz qui s'en alloient à pié et à cheval (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.1, c.1437-1464, 86). Et chevaucha le seigneur de Dunois avec sa compaignie, tant qu'ils aconseurent et actingnèrent ledit Talbot et sa compaignie (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 83). ...le conte de Boulongne (...) monta sur ung cheval qui estoit tout prest et le sievy sy diligamment qu'il l'aconsievy anchois qu'il arrivast a sa tente (Comte Artois S., c.1453-1467, 14). Adonques le roy Phelippe (...) fist merveilleuse dilligence de poursuir sondit adversaire qui s'en alloit vers Picardie, et tant fist qu'il l'aconsuyt près Crecy. (Droiz Cour. Fr. H., 1460, 412). Se je le puis aconsuyvir Et il atant que je le lye, Il saura moult d'enchanterye S'il en part sans laisser les plumes. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 680). ...et ne chevauche pas fort que tost ne l'ayez aconceu [Jehan de Paris]. (Jehan de Paris W., 1494-1495, 30). Noz ennemis tantost se descouvrirent, Car contre nous estoient ja marchans, Voire si bien qu'ilz nous aconsuyvirent En gens de guerre et non pas en marchans. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 280).

4

ACQUÊTER   
-

[soc.] : Li autre, qui miex miex, l'un a l'autre joustérent : Il tuérent chevax, escus escartelérent, Il voidiérent des rans et leurs lances brissiérent ; Chascun le fist si bien c'onneur i aquestérent. (Brun de la Mont. M., c.1350-1400, 75). ...Monseigneur de Gaucourt (...) a grandement travaillé son corps au service du roy ; tellement que, veu son vieil âge, qui est de quatre-vingts ans et plus, il acquesta ung grand honneur (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, 1437-1464, 136). ...la quelle fut trés parfaittement bonne, chaste, charitable, sobre et sage, laquelle si bien se gouverna que bonne renommee et l'amour du peuple en acquesta. (Nouvelles inéd. L., p.1452, 49).

5

ADMINISTRATION   
4.

Administration papale. "Gestion des affaires de la papauté" : Et avoient procédé contre lui [le concile de Bâle contre le Pape], si comme ilz disoient, par auctorité de concile général, à le suspendre de l'administracion papalle, et depuis à le desposer et après à eslever en pape Monseigneur Amé, duc de Savoye (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 49).

6

AFFICHE   
1.

"Ce qui orne, agrémente (fiché dans un velours, une couverture...)" : ...sur laquelle couverture estoit posé ung petit coffre couvert de veloux azur à grans affiches d'argent (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 162). ...monté sur ung grant destrier harnaché de veloux asur a grans affiches d'argent doré... (LE BOUVIER, Chron. Ch. VII, C.C.J., c.1451-1455, 324). ...monté sur ung grant destrier couvert de velours couleur azur, à grans affices d'argent doré, armé tout au blanc, et portoit en escharpe l'espée de parement du Roy (ESCOUCHY, Chron. B., t.1, c.1453-14, 237).

7

AFFLUER   
A. -

[De pers., de groupes] "Se porter en nombre vers, se rendre en nombre qq. part" : Et incontinent après affluerent à S. Pol et par toute la ville de Paris pour venir à S. Pol au Roy gens d'armes sans nombre, tant à piet que à cheval (BAYE, II, 1411-1417, 126). ...grant multitude de peuple y affluet de toutes parts (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 68). ...les povres personnes qui yront et afflueront audit Hostel-Dieu (ESCOUCHY, Chron. B., t.3, Pièces justif., 1450, 393). ...et n'aura le prevost des mareschaulz aucune congnoissance des causes et questions qui seront de partie à partie entre les manans et habitans et autres gens affluans en la dicte ville ne aultrement, fors seulement du fait des gens d'armes. (Hist. dr. munic. E., t.1, 1477,,, 445). ...audit conté de Provence a plusieurs beaulx havres, plages et ports de mer, esquelz, de toute ancienneté, viennent et affluent toutes nations (Lettres Louis XI, V., t.9, 1481, 123).

8

ÂGE   
4.

[Avec les prép. sous, dessous] (Estre) sous/dessous (son) age. "(Être) mineur ; ne pas avoir/qui n'a pas l'âge requis pour exercer certains droits, certaines fonctions" : ...ses deux petis enfans [de Cassins], qui y sont, tant come il seront de souz aage, desquels lidis Cassins en ha le bail (Trés. Reth. S.L., t.2, 1369, 190). ...quant on couronna le roy Richart d'Angleterre (...), pour ces jours il estoit dessoubs son eage, car ung roy par droit, avant qu'il doye venir à terrene possession, ne gouverner royaulme, doibt avoir vingt et ung ans (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 80). ...je ne dy pas du Jeune Cerf Volant (le) qui est maistre de la nef, qui n'a encores aucuns besans forgie, pource que jusques cy il a este soubz aage (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.1, c.1386-1389, 593). ...il confessa avoir fait mourir pluiseurs enfanz soubz eage, et femmes ençaintes, sur intencion de parvenir à aulcunes haulteurs et chevanches, et aussy honneurs désordonnées. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.5, c.1444-1453, 425). Pour ce que ledit enfant est mineur d'ans et sous aage, comme dit est, iceluy Monseigneur de Foix, comme ayant la garde et le gouvernement d'iceluy enfant, fera au roy la foy et hommage deubs et accoustumez à cause desdits heritages. (Doc. 1451. In : CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 295). ...le mareschal de Bourgoingne, seigneur de Neuchastel, chevalier caut et subtil (...), procura tout d'une voye envers nostre Saint Pere que, incontinent l'eveschié du Toul vacant, ung jenne filz que avoit soubz eage encore seroit revestu de ce benefice (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 265).

Rem. Dans certains de ces ex., il s'agit peut-être de sous-agé. V. agé.

9

AGENOUILLER   
C. -

Rare. [D'un animal réel ou fictif] "Prendre une posture rappelant celle d'un homme à genoux" : Ailleurs avoit ung tigre et ses petits qui se miroient en mirouers ; et au plus près de Nostre-Dame avoit ung cerf volant bien et somptueusement fait, lequel par mistère s'agenouilla devant le roy quand il passa par là pour aller à icelle église (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 169). Il trouva couleuvres dervées Qui le vouloient devorer, Mais quant l'herbe leur volt monstrer Chascune si s'agenoilloit Devant lui et honneur faisoit (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 247).

10

AGNUS DEI   
A. -

"Agneau, éventuellement mouton, symbolisant le Christ et faisant l'objet d'une représentation" : ...ung ymage de saint Jehan Baptiste, d'argent doré, qui tient ung Agnus Dei, qui est sur ung entablement à angeloz esmaillez, et troys lyonceaulx qui le soustiennent. (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379-1391, 120). Ungs gans pour prélat, pontifficaulx, garniz, par les poignez et dessus la main, de Agnus Dei de grosses perles (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379-1391, 136). ...une croix néellée, et ou milieu un ront ou quel a un Agnus Dei enlevé (Ch. VI, D., t.2, 1420, 380). Oultre ce, par les carrefours avoit personnaiges ; c'est assçavoir, en une place une fontaine aux armes de la ville, qui sont l'Agnus Dei gectant bruvages par ses cornes (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 169).

11

AGRÉABLE   
3.

"Qui plaît" : Car douce en est la blesseüre Et aggreable la pointure. (MACH., R. Fort., c.1341, 104). Aussi sotieté ou compaignie est naturelment joieuse et aggreable, selonc le dit de Seneque : "La possession de quelque bien n'est joieuse sans compaignon". (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 256). Et dirai toute m'aventure, Qui ne fu villaine ne sure, Ains fu courtoise et agreable (MACH., Voir, 1364, 39). Vous dites verité, Jehan, respondi li rois (...). Vous m'avés fait service moult agreable (FROISS., Chron. D., p.1400, 790). Je respons que il appartenoit a nostre Dame avoir ceste beauté corporele car Dieu principalment forma le corps, et Dei perfecta sunt opera, et si devoit porter le plus bel des hommes (...) ; et si en estoit sa vertus plus aggreable, comme dit Virgile : Gracior e[s]t pulcro veniens de corpore virtus. (GERS., Concept., 1401, 423). Après son dormir estoit un espace avec ses plus privez en esbatement de choses agreables, visitant joyaulx ou autres richeces (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 46). Plaisance honnorable Est vie agrëable (CHART., L. Plais., c.1412, 153). ...les haulx et puissans hommes (...) ont le plus de souffrete et de despit de ouir dire verité (...). Toutes voies a verité celle proprieté singuliere que, quant plus est foulee, tant plus se ressourt, et sont les commencements poignans a soustenir et durs, mais son yssue est aggreable et fructueuse (CHART., Q. inv., 1422, 43). L'agréable nouvelle de cette victoire de Formigny, cy-dessus déclarée, et ceste gracieuse journée, fut aussi tost respandue par tout le royaume de France. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 200). [L'auteur à son frère nommé chancelier :] ...je croy que aurez des hayneurs (...) pour ce que (...) vous ne leur ferez pas responces aggreables (JUV. URS., Nescio, 1445, 472). O mon bon espoux, tu m'as donné le sens soubstil, l'entendement legier, grant memoire, langue diserte, parolle tres agreable, doctrine suadible (CRAP., Cur Deus, De arrha B.H., c.1450-1460, 286). [Un bourreau à un autre :] Ton service n'est pas agreable ; Je voy bien qu'il [le Christ en croix] ne boeré ["boira"] ja. (Pass. Auv., 1477, 222).

12

AISSELLE1      | 2   
A. -

"Aisselle" : Tien, boute ceste corde cy Dessoubz s'essaille. (Mir. st Panth., 1364, 351). Le roy entoise l'espee et fiert le soudant de si grant force qu'il lui envoye le bras jus, tant qu'il ne tenoit qu'a deux tendans dessoubz l'aisselle. (ARRAS, c.1392-1393, 236). .II. grosses bouteilles avoit Aux esselles, dont mieulx nouoit (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 12). Ascella (...) : aissielle, lieu soubs les bras (LE VER, Dict. M.E., c.1420-1440, 32). ...car aulcuns des assaillans se boutèrent dedens les fossez où ils estoient en l'eaue jusques aux esselles (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 87). La partie qui est dessoubz la joincture est dicte soubz esselle, laquelle est remplie de char glanduleuse en laquelle le emonctoire du cueur est assigné. (PANIS, Guidon, 1478, tr.I, doct.2, chap.4). Item, Glandules sont ennueuses, venant communement aux escelles, aux aines, et au col. (Rég. santé corps C., 1480, 91). En la main grande, laquelle commence aux esselles jusques à la coulde sont vaines assaignier, selon Rasis (Rég. santé corps C., 1480, 166). La vaine baselique evacue proprement des parties soub le col (...) et commence es asselles tirant vers la partie domestique du bras. (Rég. santé corps C., 1480, 167). Et puis, quant vous estes en ruyt, Comme ung bouc puez de l'esselle. (Parn. sat. S., a.1500, 85).

13

ALLÉGATION   
-

Faire une allegation / des allegations : J'ay fait une allegation Qui porra a m'entention Venir a propos ci après. (MACH., D. Aler., a.1349, 307). Et sus ceste devision Il fait une allegation, Pour prouver par un fait contraire : La Chasteleinne debonnaire N'avoit son ami riens meffait (MACH., J. R. Nav., 1349, 265). ...après plusieurs altercacions et alleguacions par lui sur ce faites (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 85). Mais enfin, après plusieurs allégacions, parlemens et répliques faits tant d'ung cousté que d'aultre, finablement appoinctèrent ensemble, consentirent et furent d'accord (...) que... (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 157-158). ...je veux porter Toutes nous informacïons Car il fait d'allegacïons Plus qu'il ne feroint cent mille (OUDIN, St Genis M.S., c.1490, 74).

14

ALTERCATION   
A. -

"Dispute, contestation entre deux ou plusieurs personnes" : Quant fut faiz li servises tres bien et autement (...) Une altercations est entre aux ancontree (...) Quar li noble et li clerc le corps porter voloient Estre mis a Poutieres si com juré l'avoient. (Gir. Ross. H., c.1334, 284). ...li emperere Henri (qui ancors n'avoit le coronne del pape ne sa benediction) (...) amendeir voloit chu que ilh avoit forfait, et refusoit ["renonçait"] al donacion des evesqueis et abbeis et altrez clers, et à tout chu dont li empererez, ses predicesseurs, altrication ne matere ne debat poioient avoir eut al papez le temps passeit (JEAN D'OUTREM., Myr. histors B.B., t.4, a.1400, 305). ...pour ce que autrefoiz avoit esté grant altercation d'entre le Borgne de la Heuse, d'une part, et messire Olivier de Mauny, d'autre part, sur la capiteinnerie de S. Maalo (BAYE, I, 1400-1410, 189). Et pour oster toute altercacion qui sur ce se porroit mouvoir, est ordenné et accordé que se aucun domesticque (...) estoit bany en temps passé ou advenir par nous maire et eschevins, pour aucuns cas dont à nous appartenist la congnoissance, il ne porroient avoir retrait ou refuge ou dit chastel (Hist. dr. munic. E., t.2, 1413, 519). Après ledit serment fait, le chancelier de France luy dit qu'il devoit et estoit homme-lige du roy, à cause de sondit duchié. A quoy fut respondu par le chancelier dudit duc que, sauf la révérence du roy et de luy, il n'estoit pas homme-lige à cause d'iceluy duchié. Sur quoy ils furent en grande altercation par aucune espace de temps. Finalement le roy le receut à foy aux us et coustumes ainsi comme ses prédécesseurs ducs de Bretaigne avoient fait. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 248). ...auquel lieu eut grant altercacion entre les religieux de Saint Denis et les havouars... (LE BOUVIER, Chron. Ch. VII, C.C.J., c.1451-1455, 418). "Monseigneur, je vous avertis, car on veult faire mauveise compaignie à monseigneur Gilles votre nepveu, et je m'en descharge." Et incontinent monseigneur le vint dire au duc, et y eut grant altercacion, et lui demanda qui le lui avoit dit ; et il dist que ce avoit esté monseigneur de Montauban, et lors le duc se courroucza très fort o monseigneur de Montauban, et lui voult courir sus, qui ne l'eut destourbé. (GRUEL, Chron. Richemont L., c.1459-1466, 203). Nous sejournasmes huyt jours audict lieu en grandes altercacions et doubtes. (Voy. Hierus. S., 1480, 43). Thibault de Blois, en ce temps moult aprecié de l'empereur Arnol, fut envoyé comme ambaxade devers Formose, pappe, pour le differant et altercacion qui lors estoit en l'Eglise et y fist peu touteffois. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 89 r°).

15

ALTERCATION   
B. -

DR. "Dans un litige, échange de raisonnements contraires" : ...après pluseurs altercacions fu accordé entr'eulx que, parmi certaine quantité de vins et somme d'argent, qui lors par les dis maistres furent baillés realment et de fait aux dis Jamet, Manin et autres leurs consors (...) yceulx (...) dessus nommés quicterent et quicte clamerent à tous jours les dis maistres de la dicte prinse et des vins, billon, nef et marchandises (Doc. Poitou G., t.4, 1372, 145). ...apres plusieurs replications et altercations proposées entre les parties, traictié fu de paix, du consentement d'icelles, et autorisié de nous (Trés. Reth. S.L., t.2, 1374, 213). Lequel prisonnier Colin Petit, sur ce juré aus sains Euvangiles de Dieu de dire verité de tout ce qui lui sera demandé, dist et afferma par serement, sur ce requis, après plusieurs altercacions et variacions par lui faites et dites, que jeudi derrerement passé... (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 137). Lesquieulx maistres Jehan Jouvenel et Pierre de Vé, après plusieurs debas et altercacions dites entre eulx, furent d'oppinion que... (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 338). Ensuite il leur fut par luy récité et raconté toutes les altercacions, différens, plaintes et remonstrances qui, sur cette matière, avoient esté faites (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 106).

Rem. FEW XXIV, 358a.

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AMORABAQUIN   
-

[Gén. ds un contexte où l'on fustige la présomption, l'outrecuidance] Tuer/pourfendre/combattre l'amorabaquin. "Faire des prodiges au combat, accomplir des prouesses" : Vous tuerés la mort abacquim, Certes, quil ne vous congnoistroit [Ici, p. iron. : l'aveugle Longin, chargé de percer le côté du Christ avec sa lance, serait bien incapable de nuire à qui que ce soit en raison de son infirmité. L'éd. E. Roy lit "l'amorat Bacquin" et donne la leçon du ms. : "la mort abacquin"] (Pass. Semur D.M., c.1420 [1488], 207). De grant langaige trop avez, Dont vous usez soir et matin, Et semble tousjours que devez Combatre Lamoral Bacquin (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, p.1441, 29). Vassal, moult avez fier langage, Me semble, et le cuer bien despit, Mais avant qu'il soit nuit, je gage, Vous l'abbesserez un petit. (...) Il sembleroit a voz coustumes, Qui s'en vouldroit a vous actendre, Que vous devez manger enclumes Et l'amiral Basquin pourfendre. (Chev. dames M., c.1462-1477, 137).

Rem. É. Picot, Rec. gén. des sotties, t.3, 1912, 347, cite un poète normand : Je croy qu'il voulsist revengier La mort a l'amourast Baquin (JEHAN MUNIER, c.1461)

17

AMPLE   
-

[D'un accord, d'une promesse..., du point de vue de leur réalisation] : ...et en oultre qu'ilz et chascun d'eulz voulsist penser et adviser diligemment en ce que touchent les advis dessusdiz pour y adjouster et y faire plus ample provision, se mestier est. (FAUQ., I, 1417-1420, 233). ...et combien qu'ils y demandassent composicion bien ample, néantmoins ils n'emportèrent de ce lieu que chascun ung baston en leur poing. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 132). ...[les ennemis] essaient a les pervertir [les sujets du roi], en parlant et faisant parler a aucuns particuliers, aucunesfois par doulceur, aucunesfois par menaces executees et reeles, en essayant a les prendre de jour et de nuyt, en leur faisant offres tant amples que on povoit (JUV. URS., Loquar, 1440, 314). Et si firent en ung meisme jour tres grans aliances de garder l'onneur l'ung de l'aultre, "de non recepvoir les annemis" l'un de l'aultre, et aultres choses amples et larges contenues es lectres (JUV. URS., T. crest., c.1446, 124). Et, pour plus ample promesse, ilz s'en obligerent es mains de deux notaires apostoliques, voulans et accordans estre incontinent excommeniez, se par eulx ou l'un de eulx estoit fait le contraire. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 54).

18

AMUSER   
A. -

Empl. trans. Qqn / qqc. amuse qqn. "Détourner l'attention, l'action de qqn en l'occupant ailleurs à des choses secondaires ; en partic., dans le domaine militaire, détourner l'attention (de l'ennemi), le tromper, le retarder par des escarmouches, des actions dilatoires" : ...lesquels s'y gouvernèrent fort vaillement et chaleureusement, mesmement les francs-archiers, qui avoient esté logez près desdits chastel et ville de Honnefleu, l'espace de dix ou douze jours, pour tousjours escarmocher et amuser iceulx Anglois, en attendant que la seigneurie sus mentionnée y vint. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 188). ...faignant qu'il vousist passer par la, pour admuser les François... (LE BOUVIER, Chron. Ch. VII, C.C.J., c.1451-1455, 236). ...Bourgongnons et Anglès qui ne cherchoient que la bataille (...), marchèrent tousjours à l'encontre de leurs ennemis, comme pour les constraindre à combattre. Mais Françoys qui ne cherchoient point ce que les Bourgongnons désiroient (c'estoit de combattre à pied), ne firent riens que livrer escarmuches auxdits Bourgongnons pour les amuser tousjours et tenir en travail (CHASTELL., Chron. K., t.2, c.1456-1471, 99). Bien vingt-cinq jours demora à Hesdin, à grans frais et despens du duc de Bourgongne ; et disoit-on que, avecques ce qu'il devint malade de gouttes, mal [fut] en estat pour partir de là. Sy en vint l'aventure bien au gré du roy, de son long séjour, car c'estoit ce qu'il désiroit, pour tant plus amuser le duc là en attendant l'octobre (CHASTELL., Chron. K., t.5, c.1456-1471, 42). Et le Jouvencel (...) congneust qu'ilz [ses ennemis] s'en retournoient et ce qu'ilz avoient fait n'estoit que pour le amuser tant que leur puissance aloit combatre l'autre logeiz. Et sus piedz demande son cheval en disant : "Tout le monde à cheval ! Car seurement ces gens yci vont combatre noz gens, et, pour ce petit bruit qu'ilz ont fait yci, nous cuident amuser. Sus ! tost ! faictes dilligence et passons le pont." (BUEIL, I, 1461-1466, 144). Et le prindrent [monsr de Lingny] ceulx de Senes pour leur cappitaine et luy promisdrent certaine somme d'argent l'an, dont il n'eut riens, et cecy amusa le roy six ou sept jours. (COMM., III, 1495-1498, 144). J'ay envoyé des gens où estoit l'advangarde veoir s'ilz le font pour admuser quelc'un. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 315).

19

ANCIEN   
A. -

"Personne âgée, d'expérience" : ...les aucuns anciens qui ramentevoient le temps passé (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 2). ...selonc ce que j'ay oy recorder les anciens (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 8). ...li anciien et li sage (FROISS., Chron. D., p.1400, 220). Si est le pays eüreux (...) Qui bon seigneur a et (...) Diligent de garder les siens Par conseil des plus anciens (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 141). ...ce nous afferme Valere en son livre que parle comment les anciens introduisoient les jeunes en bonnes meurs (CHR. PIZ., Corps policie L., 1406-1407, 11). Et ce, les ancïens ne doubtent, Ainçois tiennent, et est certain : Scïence et vaillance se boutent Souvent en gens de basse main. (CHART., D. Her., p.1415, 430). ...les François feront que saiges de eulx bien conseiller aux anciens, s'aucuns en y a qui aient veu ce temps ou autre semblable. (Doc. 1417. In : CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 14). ...print premier son pere par les cheveux et le mist l'espée ou corps et semblablement à sa mere, à sa femme, à ses enfans et à tous ses parens, sans avoir pitié des jeunes ne des enciens (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 74 v°). Tant qu'il n'y eut ne jeunes n'ancyens Qui ne s'en tinssent totalement contens. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 189).

20

ANTÉCÉDENT   
A. -

"Précédent" : Pourquoy, eulx considérans la grant puissance qui estoit devant eulx et les conquestes antécédentes, et tout bien entendu et advisé, requirent iceulx habitans... (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 104-105).

21

APATISSER   
A. -

[D'une armée en territoire conquis] "Soumettre à une contribution, taxer" : Item, tous laboureurs non rendus aux Anglois seront laissiés paisiblement en leurs maisons et souffers labourer et faire leurs labours et nourrectures, sans ce que leurs corps soient molestés, ne leurs biens ou bestaulx prins, ne leurs maisons arses ou destruites, sinon que pour nuire aux Anglois il fust deliberé estre expedient aucunes maisons estre arses ou demolies, et sans ce que nous puissons ou doyons apaticher ou mectre à raençon aucunes villes ou gens qui soient en l'aliance de nous ou d'aucuns de nous. (Doc. 1418. In : H. Stein, Bibl. Éc. Chartes 36, 1875, 316). [Les ennemis] Appatissoyent les villaiges tellement que ung povre village estoyt [a] appatis a huit ou a dix places (JUV. URS., T. rever., 1433, 57). Et non contens encore de ladite prinse, allèrent courir en la duché de Bretaigne, prendre prisonniers, appatissier le pays, tuèrent gens et générallement firent tous exploitz acoustumés au fait de guerre. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 61). ...le dit suppliant tenoit ainsi les champs et appatissoit nos diz païs (Doc. Poitou G., t.8, 1441, 121). Et ledit Baron, par la permission et souffrance de nostre dit cousin le conte d'Armaignac, a appatissiez les habitans et subgiez des pays de Rouergue, Quercy, Pierregort et autres (ESCOUCHY, Chron. B., t.3, Pièces justif., 1445, 128). ...des gens de presque toutes les garnisons de Normandie (...) ont couru ou païs de Bretaigne dessusdit, bouté feu en plusieurs et divers lieux, tué et meurdry gens, prins prisonniers, appaticé, emmené bestail et tous les biens qu'ilz ont peu trouver (...) et fait aultres maulx innumerables. (ESCOUCHY, Chron. B., t.3, Pièces justif., 1449, 229). Et pour ce faut-il que vous chevauchez sur le payz et que vous monstrez par vives raisons que nostre Roy est plus puissant que n'est le roy du duc Baudouyn. Et ainsi le payz vous obéyra, et le mettrez tributaire au Roy, et le pourrez appatisser, et en aurez l'argent et les vivres que voz ennemiz en lieuvent. (BUEIL, II, 1461-1466, 83).

Rem. FROISS. (ms.), Ordonn. rois Fr. V., t.10, 1416, 358 et 1417, 444 et doc. 1445 (certaines ordonnances par lesquelles une chacune paroisse devoit estre quicte pour estre appatissee a une forteresse) ds GD. I, 327b.

22

APPARENT   
-

Empl. subst. Le plus apparent. "Celui qui est le plus en vue" : Bien est vray que ladite Agnès eust une fille, laquelle ne vesquit guères, et qu'elle disoit estre et appartenir au roy, et luy donnoit comme au mieux et plus apparent ; mais le roy s'en est toujours fort excusé et n'y réclama oncques rien. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, 1437-1464, 184). Ny faillés pas Et je m'en voys tout de ce pas, Quelque part ycy environ, Querir Pharés et Abiron, (...) Avecques tous leurs adherens Et autres des plus apparens Pour estre belle compagnie. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 260). En temps de nécessité ay-je bien veü que les aucuns saiges se sont bien sceü servir des plus apparens et les cercher sans y riens plaindre. (COMM., I, 1489-1491, 130). Calthedicus, alias Caldedicus, Basilides et Syropolitanus, aussi grans philozophes en ce temps. Ces deux, pour la profondité de la science des estoilles, furent moult appreciez de l'empereur Severe et eurent les enfans des plus apparens pour disciples et pour instruire en la science de astrologie. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 78 r°). ...alerent à l'encontre du present que envoya à ceulx de Londres ledit Henry de Lenclastre, c'est assavoir XII gentilz hommes, liez à la queue des chevaulx, que conduisoient aucuns villains et les testes du duc de Sudrien et autres et furent au devant les plus aparans de Londres et l'arcevesque de Cantorbie, qui prescha au peuple plusieurs loanges dudit Lenclastre, faulses et mensongieres. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 150 v°). Et, quant ledit de la Gastine le veit, il se tyra vers luy comme au plus apparant pour le cuider deffaire Et, quant ledit de la Gastine le veit, il se tyra vers luy comme au plus apparant pour le cuider deffaire (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 292).

23

APPEL   
-

Cause d'appel : L'en appelle de l'evesque au Roy en une cause civile (...). Donques, le Roy est souverain en la temporalité, car la cause d'apel requiert juge souverain de celluy de qui l'en appelle (Songe verg. S., t.2, 1378, 92). ...car ceste Court est ordonnée pour faire justice à tous et par especial en causes d'appeaulx (BAYE, II, 1411-1417, 13). Sera le roy content que en ladite ville de Bourdeaulx y ait justice souveraine, pour y connoistre, discerner, décider et déterminer diffinitivement de toutes les causes d'appel qui se feront en iceluy païs de Bourdelois, sans pour iceulx appeaux par simple querelle ou aultrement estre tirées hors de ladite cité de Bourdeaulx. (Doc. 1451. In : CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 288). ...plusieurs appellent des officiaulx, de leurs sentences et appointemens en Parlement, et a la Chancellerye on baille adjournemens en cas d'appel comme on feroit de la jurisdiction laye, et les reçoit on en Parlement a dire leur cause d'appel (JUV. URS., Verba, 1452, 378).

24

APPROCHE   
1.

ART MILIT. "Travaux et mouvements pour assiéger une place-forte" : Et tant tost après ceulx qui estoient à ce siège firent de grans aproches, tranchées, fossez et mines, et disposèrent de grosses bombardes, canons et autres engins volans, avec grande quantité d'autre artillerie (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 188). Pendant lequel temps firent les François de grandes aproches de foussez et mynes (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 205). Puis après on commencza du cousté de monseigneur le connestable à faire des approches couvertes et descouvertes, dont Le Bourgoys en conduisoit une et missire Jaques de Chabannes l'autre. (GRUEL, Chron. Richemont L., c.1459-1466, 212). ...mettre le siege devant la ville de Dynan, contre laquelle y fut incontinent fait grans approches et sy y furent faictes de belles saillies et grandes escarmouches de costé et d'autre. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 164). Quant à la forme de donner l'assault, de raison les approches sont si bien faictes que on entre ou fossé sans perdre riens et envoye l'en une compaignie de gens pour le premier assault. (BUEIL, II, 1461-1466, 42). Depuis la mort du bon messire Hector, ne fina le duc de Bourbon de pourchasser la destruction de ceulx de la ville de Soissons, tant par battures de canons, d'approches, que aultrement. (LEFÈVRE ST-RÉMY, Chron. M., t.1, c.1462-1468, 164). La ville d'Arras fut merveilleusement battue, et si furent faictes approches et mynnes couvertes et descouvertes, allans jusques aux murs de la cité, où par icelle les gens du roy cuidèrent secrètement entrer dedens. Mais, par une contermine, furent très vaillamment combatus. (LEFÈVRE ST-RÉMY, Chron. M., t.1, c.1462-1468, 177). ...il marcha en pays et assiga la ville de Morath, en la conte de Romont, que les Suysses avoient pris sur monseigneur Amé de Savoye, conte de Romond. Et là fist de grans approces et battures, et moult oppressa ladicte ville. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 140). De là, le roy alla mettre le siège devant Corbie et attendirent ; et y furent faictes de très belles approches et y tyra l'artillerie du roy trois jours. (COMM., II, 1489-1491, 18). Ce dict jour mesmes furent faictes aproches Au Chastel Nosve de grosse artillerie (LA VIGNE, V.N., p.1495, 250). Devant moy est au jour d'uy arrivé à ladicte place mon cousin de Montpensier avec mon avant garde et artillerie pour les approuches (Lettres Ch. VIII, P., t.4, 1495, 166-167).

25

APPROCHE   
1.

ART MILIT. "Travaux et mouvements pour assiéger une place-forte" : Et tant tost après ceulx qui estoient à ce siège firent de grans aproches, tranchées, fossez et mines, et disposèrent de grosses bombardes, canons et autres engins volans, avec grande quantité d'autre artillerie (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 188). Pendant lequel temps firent les François de grandes aproches de foussez et mynes (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 205). Puis après on commencza du cousté de monseigneur le connestable à faire des approches couvertes et descouvertes, dont Le Bourgoys en conduisoit une et missire Jaques de Chabannes l'autre. (GRUEL, Chron. Richemont L., c.1459-1466, 212). ...mettre le siege devant la ville de Dynan, contre laquelle y fut incontinent fait grans approches et sy y furent faictes de belles saillies et grandes escarmouches de costé et d'autre. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 164). Quant à la forme de donner l'assault, de raison les approches sont si bien faictes que on entre ou fossé sans perdre riens et envoye l'en une compaignie de gens pour le premier assault. (BUEIL, II, 1461-1466, 42). Depuis la mort du bon messire Hector, ne fina le duc de Bourbon de pourchasser la destruction de ceulx de la ville de Soissons, tant par battures de canons, d'approches, que aultrement. (LEFÈVRE ST-RÉMY, Chron. M., t.1, c.1462-1468, 164). La ville d'Arras fut merveilleusement battue, et si furent faictes approches et mynnes couvertes et descouvertes, allans jusques aux murs de la cité, où par icelle les gens du roy cuidèrent secrètement entrer dedens. Mais, par une contermine, furent très vaillamment combatus. (LEFÈVRE ST-RÉMY, Chron. M., t.1, c.1462-1468, 177). ...il marcha en pays et assiga la ville de Morath, en la conte de Romont, que les Suysses avoient pris sur monseigneur Amé de Savoye, conte de Romond. Et là fist de grans approces et battures, et moult oppressa ladicte ville. (LA MARCHE, Mém., I, c.1470, 140). De là, le roy alla mettre le siège devant Corbie et attendirent ; et y furent faictes de très belles approches et y tyra l'artillerie du roy trois jours. (COMM., II, 1489-1491, 18). Ce dict jour mesmes furent faictes aproches Au Chastel Nosve de grosse artillerie (LA VIGNE, V.N., p.1495, 250). Devant moy est au jour d'uy arrivé à ladicte place mon cousin de Montpensier avec mon avant garde et artillerie pour les approuches (Lettres Ch. VIII, P., t.4, 1495, 166-167).

26

ARC   
a)

[Utilisée au combat] : Il n'y ot nulle tour qui ne fust garitee Et de bons ars autour pour traire a la volee (Gir. Vienne D.B., c.1350-1400, 133). Lesquelx Beaubarbier et Caisin estoient garniz chascun d'une espée et d'une taloche, arc et sayetes (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 64). Et porteray comme brigant Mon arc et une massuette (Gris., 1395, 44). Ars et sayetes ilz avoient Tres lors, dont ilz moult bien trayoient (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 179). ...les autres portans ars, arbalestres, lances et bâtons de guerre, pour doubte des ennemis (FAUQ., II, 1421-1430, 279). ...et commencèrent à tirer de canons, d'arbalestres et ars à main, très-fort contre leurs ennemis. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.3, c.1425-1440, 367). Item. Est entendu que ceulx qui s'en voudront aller, lesquels peuvent emporter leurs biens par le traicté dessus dit, en iceulx biens sont comprins toutes manières de meubles, sauf canons, coulevrines, arbalestes et autre semblable artillerie, si non que ce soient les ars et trousses aux compaignons, et aux arbalestriers leurs arbalestes. (Doc. 1449. In : CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 99). ...un archer qui essaioit ung arc duquel il tiroit une flesche contre ung huis qui estoit devant lui, à l'eure que ledit maistre Loys ouvroit, et lui vint passer la fleche tout au travers du corps. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 49). L'ung tient un prisonnier par la main ; l'autre tient un cheval en leisse ; les autres ont trois arcs ou poing, et l'autre trois espées... (BUEIL, I, 1461-1466, 145). ...et [parmi le matériel de siège] que chascun arc ait plusieurs cordes et des flesches en grand et bon nombre à la discretion du maistre de l'artillerie et des archiers. (BUEIL, II, 1461-1466, 47). Puis apres, faictes porter pierres De fais, tantoust sus la muraille, Broches ardant a grosses quarres Pour percer jalerant a maille, Maillez de plon, autre ferraille, Aussi ars, piques et raillons, Jusarmes, hallebardes de taille, Vouges et gran(z)[t] bec de faucons, Salades et grans bassinez, Oveq arbalestes de passe, Lances et fers bien affinez, Qu'i ne soit riens qu'on ne trespasse. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 551). Butor, en attendant secours, Fay le guet en nostre dongon Et resveilles les basses tours, Se tu vois arch, flesche ne boujon. (MOLINET, Myst. st Quentin C., c.1482, 18). Ars, flesches, dars (LA VIGNE, V.N., p.1495, 251).

27

ARTILLERIE   
-

Artillerie de main. "Engins de guerre individuels" : Et avecque ce, qu'ils laisseroient toute l'artillerie, grosse et menue, réservé ars, arbalestes, coulovrines et autre artillerie de main. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 221).

28

ATTEINDRE   
2.

Atteindre qqn. "Rejoindre qqn" : Sire, il s'en va devers Paris : (...) Se vous hastez, vous l'ataindrez (Mir. Amis, c.1365, 5). ...à deux lieues par deçà Chinon, emmi les champs, là où sondit cousin qui le poursuïoit l'ataigny. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 5). ...et tant s'efforça d'aler que il l'actaint ung soir vers l'anoitier en une forest, la ou il estoit soubz ung grant arbres (Chev. papegau H., c.1400-1500, 77). Et chevaucha le seigneur de Dunois avec sa compaignie, tant qu'ils aconseurent et actingnèrent ledit Talbot et sa compaignie (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 83). "...s'il chevauche ung peu legierement, nous pourra actaindre, car nous ne chevauchons pas trop fort." (Jehan de Paris W., 1494-1495, 29). Estant l'avangarde monté la montaigne, pour atteindre ceulx qu'ilz veoient aux champs, qui estoient assez loing, n'estoient point sans soucy. (COMM., III, 1495-1498, 166).

29

ATTENTAT   
-

P. ext. "Agression" : ...le roy Charles faisoit sommer (...) au roy Edouart et audit prince qu'ilz (...) reparassent ou feissent reparer les actemptas de leurs subgiéz (JEAN DE MONTREUIL, Traité cheval. G.O.O., 1413, 124). ...et que tous les actemptas, tant d'ung costé que d'autre, fussent réparez et mis au néant. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 76).

30

ATTENTE1      | 2   
.

Mieux vaut une bonne retraite qu'une mauvaise attente : En conformant au langaige vulgaire disant mieulx valoir une bonne fuyte que une mauvaise actente, s'enfuyrent et habandonnèrent leurs compaignons tous des premiers, ayans le coeur failly (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 197). ...adont, comme sage, il se retray, disant que mieulx vault une bonne retraite que une folle attente. (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 138).

31

AUTORITÉ   
-

Personne d'autorité. "Notable" : Et pareillement ledit lieutenant fist jurer cet arcevesque, le seigneur de l'Esparre, et autres seigneurs assistens, nobles, et gens d'auctorité de ladite ville, qu'ils seroient à tousjours bons, vrays et loyaulx subgectz du roy de France (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 309). Quant sont au temple et a la table, Veullent seoir au lieu plus notable Pour sembler gens d'auctoritéz, Estrivent pour leurs dignitéz Et veullent trop hault le braz tendre. (GRÉBAN, Pass. J., c.1450, 222).

32

AUTRUCHE   
[Oiseau] "Autruche" : Un oisel qui otruce a non Porte signification Du mantel que j'ai et de moi. Eles et plumes entour soi A, et toutevoies voler Ne puet ne soi en l'air lever. (GUILL. DIGULL., Pèler. vie hum. S.C., c.1330-1331, 249-250). Riens n'aloit ens ès bonnes villes, fors en larecin et par bon sauf conduit que il vendoient bien et chier. Et cela tenoient il enterinement, excepté trois coses, capiaus de bevenes, plumes d'osterice et fiers de glave. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 126). L'autruche selon Ysodore a pennes comme oyseaulx mais est de si grant corps que ses elles ne le peuent leuer en l'air, car ilz sont tenures ne si ne sont abilles a voler et plus plumés sont dessoubz son corps que dessus II. piés a en maniere de cheual et est de si grant challeur qu'elle mengue fer et en fait digestion. (Best. hérald. H.E., c.1435-1450, 481). ...et estoient les harnois des testes de leurs chevaux couverts de fin or de diverses façons d'orfavrerie, avec des plumes d'austruche de diverses coleurs. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 163). ...une plume d'austrusse (Barbes brayes A., a.1450, 255). ...et si en ay un autre [parement] de damas noir, dont l'ouvraige est tout pourfillé de fil d'argent, et le champ tout emply de houppectes couchees de plumes d'octrisse verdes, violectes et grises a voz coleurs (LA SALE, J.S., 1456, 90).

33

AVALER   
-

[Un pont-levis, un engin...] : Quant il vint a la porte, il fu moult bien congneu et lui fut la planche avalee et la porte ouverte. (ARRAS, c.1392-1393, 159). Or advint une journee que Sarrasins vindrent escarmouchier par un matin, et ceulx de la ville avalerent le pont et ouvrirent portes et barrieres, et yssi le roy tous armez a belle compaignie, et firent grant occision de payens et les rebouterent jusques aux logés. (ARRAS, c.1392-1393, 180). Et tantost ledit portier, pour convoitise d'avoir argent, print ung autre Anglois avec luy et vindrent le pont avaller. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 71). Et commanda au portier que la porte coulice fust avalee (Percef. I, T., c.1450 [c.1340], 310). ...il fist signe a la guette qu'on feist avaller l'engin pour tirer amont aucunes marchandises (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 83). [Ou empl. intrans. ?] ...et fist ouvrir ma porte et avaler le pont (Percef. III, R., t.2, c.1450 [c.1340], 323). Avale ce ponth de ton gré, ou nous l'avrons par force ! (Percef. IV, R., c.1450 [c.1340], 212).

34

AVÈNEMENT   
-

"Entrée royale (dans une ville)" : Nous (...) faisons savoir à tous que à très haut, très puissant prinche, no très redoubté et naturel seigneur, Mgr Loys, (...) avons, à son premier et nouvel advenement en sa dicte ville de Béthune, juré et promis loyaulment et en bonne foy, à garder l'estat et honneur de notre dit seigneur comme notre droicturier seigneur (Hist. dr. munic. E., t.2, 1382, 131). ...au joyeux advenement du roy nostre sire en la dicte ville (Entrées roy. G.L., 1395,,, 154). ...pour avoir advis et deliberacion en quel estat et en quelz habis ilz seroient au premier advenement du Roy, que on atendoit prochainement à Paris. (FAUQ., II, 1421-1430, 345). Et chevaucha [le roi] jusques devant le Pont-de-l'Arche, où iceulx de ladite ville vindrent au devant de luy aux champs, démenans grande joye, et faisans grans esbatemens pour le subgect de son joyeulx advénement. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 137). ...attendu que c'est sa premiere venue et entree en icelle ville [Tournai], est bon et pertinent de faire a son advenement, pour le recevoir et honnourer (...) ce que cy aprés s'ensuit... (Entrées roy. G.L., 1463,,, 184).

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AVÉRER   
A. -

"Reconnaître qqc. pour vrai, pour réel ; prouver la réalité de qqc." : Mais il n'ot pas si tres noble victoire Ne tel eür Comme j'aray, se Morpheüs avoire Ce que je tieng qui sera chose voire. (MACH., F. am., c.1361, 177). ...considerées les denegacions dessus dites, adverées en après par la confession d'icellui (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 276). Et ceulx qui eschapperent s'en revindrent tout droit a leur hostel, ou ilz trouverent encores Albumasar. Sy le commencerent adonc trop fort a laidengier et a lui mettre sus qu'il leur avoit procuré le meschief et le dommage qu'ilz avoient eu pour averer ce qu'i' leur avoit dit, et le vouloient pour ce occirre. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 35). L'an mille quatre cent quarante neuf, le samedy dix-huictiesme jour d'avril, furent jugez et condamnez par la cour de parlement deux coquins et une femme coquine à estre pendus et estranglez ; et pour ce faire, furent levées deux potences de bois, pour plus manifester leur cas, qui estoit maulvaiz et dampnable, comme d'avoir crevé les deux yeulx à ung petit enfant estant lors en l'aage de deux ans ou environ, et d'avoir fait ce délict avec des espingles, qui estoit grant tyrannye ; et aussi d'estre larrons et actaints de plusieurs autres maléfices par eux avérez et recognus. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 67). ...veu la différance et contrariecté dudit messire André et des tesmoings examinez en l'informacion faicte contre luy, a semblé aux dessusdiz et à moy que, pour avererer et actaindre la vérité des cas dont ledit messire André est chargié, seroit expédiant de recoller lesdiz tesmoings et de les confronter avec ledit messire André (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 548). ...je prie a Dieu (...) que la mauvaise envye qu'on a sur moy puisse icy estre averée et demonstrée (C.N.N., c.1456-1467, 383). : Si dist qu'il vouloit averer son ymaginacion. [Persuadé que sa femme le trompe, un mari revient chez lui, à l'improviste, pour constater le flagrant délit] (C.N.N., c.1456-1467, 444). ...il print furtivement une pièce de drap de gris, contenant trois aulnes ou environ et deux couvrechiez qu'il emporta oudit lieu de la Mothe et s'efforça de les vendre ; mais il ne peut trouver à qui, et fut ledit cas averé. (Doc. Poitou G., t.10, 1457, 19). Pour mieulx averer ses malices Dont il peut avoir a foison, Il soit mis en bonne prison, Par mon conseil, tres bien serré, Bien encepté et bien ferré Tant qu'il n'en saille de ce moys. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 771). Je vous prie que faictes tant que adverez le cas de ceulx qui vous ont voulu trahir jusques à la racine et que les pugnissiez si bien qu'il ne nous facent jamaiz mal. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 381).

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AVOIR1      | 2   
-

Avoir qqc. agreable. V. agréable : Voz fauz ydoles delaissiez Qui ne sont pas diex, mais sont dyables ; Ne les aiés pas agreables (Mir. st Val., c.1367, 162). Et ot agréable le roy icelle composicion. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 17).

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BALAIS   
II. -

Subst. masc. "Pierre précieuse rouge, variété de rubis d'Orient" : ...pour un balay, baillé audit Jehan le Braillier, pour mectre et river ou fermail de mondit seigneur le Dauphin (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 124). ...une chopine d'or semblabe, semée d'esmaux de plicte et de perles d'Escoce, à un fritellet d'un ballay sur le couvercle (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1353, 305). ...et quant aux joyaux et pierres precieuses, se le roy, la royne et les roys ou les royaux portoient un rubiz ou balays de Vc ou mil florins, il estoit repute a une grande admiracion. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 319). ...un cercle de demi-ront, de gros valaiz et de saffiers (Ch. VI, D., t.2, 1400, 273). ...les estoremens des tables (...) furent de balais Ou d'esmeraudes ou rubis (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 261). Malastan, province, et est le païs où croissent les balaiz. (JEAN DE SULTANIEH, Mém. Tamerlan M., 1403, 448). ...une coupe d'or pesante... mars trois unces, sur laquelle il avoit ung baloy et plusieurs perles avec un eguiére d'or pesant neuf unces et demye... (Chron. Mt-St-Mich. L., t.1, Pièces div., 1420, 97). ...lequel avoit ceinte à son costé une fort riche espée, garnie de pierreries, de diamans, rubis et balais, prisée quinze mille escus d'or. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 166-167). ...ung autre petit diamant pointu esmaillé de bleu à petis roleaux escript de lectres blanches (...) ung gros balay caboche pesant 73 caratz (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 27). ...et au front estoit un tres riche affiquet d'un tres gros dyament avironné de trois gros balais (LA SALE, J.S., 1456, 153). ...ung gent chapelet d'or a feuilles de lorier, lequel estoit noblement enrichy de pierres et de perles comme saphirs, balaiz, esmerauldes, thopasses et dyamans aussi (RENÉ D'ANJOU, Cuer am. espris W., 1457, 142). Prie les [nos dieux] et tu recevras Sur tes mains pières pretieuses, Saphirs, diamans et balais. (Myst. ste Barbe P., 1493, 44). Et si avoient dessus leurs capelines Rubiz, saphirs, fins balais de bigorre, Orïentalles perles et cornalines (LA VIGNE, V.N., p.1495, 216).

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BANDER1      | 2   
II. -

P. anal. [Anal. avec l'idée de tension qui est dans l'action de serrer un bandage] Bander (un arc, une arbalète...). "Tendre avec effort" : ...une arbaleste d'acier, que icellui de Curzay avoit toute bandée et le vireton dessus. (Doc. Poitou G., t.8, 1447, 429). Les dessus nommez de ladite garnison délaisseront en icelle place toute la grosse artillerie, et autre que homme de guerre ne peut porter, et dont il ne se peut ayder sur sa personne seulement, et qui n'est point portative à cheval et à pié, et par espécial arbalestes qu'on ne peult bander aux reins. (Doc. 1451. In : CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 273). ...et fist ledit de Fieffes descendre à pié sept ou huit archiers, et bender leurs ars et mettre leurs fleches en coche (ESCOUCHY, Chron. B., t.3, Pièces justif., 1453, 432). ...ledit maistre Hector et deux autres compaignons tenans arbalestes bandées alèrent à l'encontre de ceulx qui estoient venuz à cheval (Doc. Poitou G., t.10, 1459, 163). Quant Herculés et Jason eurent ratains ces Centaures, ilz avoient chascun un arc qu'ilz benderent. Puis escrierent les yvrongnes a mort et tirerent sus eulz (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 130). A Guillaume du Jardin, tapissier dudit sr - pour douze arcs à jalets, où il y avoit à chascun un fer ou millieu (...). Item, pour six arbalestres d'acier à jalets, le poliez à les bender, cordes et autres choses à ce nécessaires (...). Item, pour deux moles à faire jalets (Comptes hôtel rois Fr. D.-A., 1478-1481, 359). Le grant bauldrier avecques le guindage Pour a deux coups l'arbaleste bender (LA VIGNE, V.N., p.1495, 213). Et, le landemain, saillit ung arbalestrier avecquez son arbaleste bendée, lequel fut prins dudit Vigier. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 191).

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BARBE   
-

Faire/montrer barbe à qqn. "Narguer, défier qqn" : Adonc commencèrent les coureux dudit seigneur d'Orval à leur aller faire barbe et bon visage, et ledit seigneur fit tousjours marcher ses gens en belle bataille, et par belle ordonnance contre lesdits Anglois. Lesdits coureux prindrent un gentilhomme (...) bon prisonnier (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 247). ...car estoit cestui eslu venu parfois à La Haye soy monstrer droit-là, en route et multitude de gens armés et embastonnés, moult hautainement et en grant orgueil, comme pour monstrer barbe à tous autres du parti contraire (CHASTELL., Chron. K., t.3, c.1456-1471, 79). Quant j'ay affublé mon heaulme Et qu'on m'eschauffe ung peu le suc, Je suis pour faire barbe au duc Ou au grant roy de Tartarie. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 264).

40

BATTRE   
a)

Au propre "Pilonner avec de l'artillerie : Et finablement fut batue icelle ville tant que on y fist plussieurs brèches en la muraille (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 16). Et prenez vostre champ en lieu où ceulx de la ville ne puissent saillir sur vous ne vous batre de leur artillerie, se vous povez. (BUEIL, II, 1461-1466, 40). Et tant chemina par ses journées qu'il vint mettre le siège devant une ville qui avoit nom Aslonne. La ville n'estoit pas des plus fortes et ne doubtoit point ; et la trouva despourveue de gens et promptement la batist et desempara les avant-murs. (BUEIL, II, 1461-1466, 112). Or vous ay-je dit la maniere comment le duc Baudouin fut assiégé. La manière comment il fut guerryé, fut qu'il fut batu par trois lieux bien merveilleusement et lui furent ordonnez trois assaulx. (BUEIL, II, 1461-1466, 149). ...il failloit qu'ilz passassent à la fille [par petitz passaiges], et par cela les gens du duc de Bourgogne venoient seurement à pié jusques au bort du fossé pour les batre de traict (BUEIL, II, 1461-1466, 249). Toutesfois la ville ne valloit guères, et aussi, sans se laisser battre, feïrent semblable composition et baillèrent dix hommes, entre lesquelz se trouva encores cinq ou six desdictz ostaiges. (COMM., I, 1489-1491, 110). Cependant battoit fort ledict duc la ville. Il y avoit de bonnes gens dedans qui la deffendoient bien. (COMM., II, 1489-1491, 89). Et fut tant batu le dit chateau de bombardes, gros canons, gros faulcons et grosses coulevrines, qu'ilz abatirent en la mer l'une des plus grosses tours (LA VIGNE, V.N., p.1495, 256).

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BÉNÉISSON   
B. -

"Bénédiction" : Ung jour se advisa qu'il feroit ung sermon ; Au senateur le dit (...). Maiz au pape avoit ja fait la relacion De Maugiz qui avoit disné en sa maison, Comment guery avoit son frere par sa beneïsson, Et qu'il est si bon clerc que sans comparaison. (Renaut Mont. B.L. V., c.1350-1400, 16). Baisiez moy, et vous, mes enfans : Ne sçay se jamais vous verray ; Ma beneicon vous donrray (Mir. ste Bauth., c.1376, 112). Item, confessa que, au lendit derrenierement passé, en faisant la beneiçon, copa la sainture d'um marchant, à laquelle pendoit une tasse (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 249). Or alez au Saint Esperit, dist le Pere Saint, et tout ce que vous ferez en bonne devocion je le vous charge en lieu de penitence. Et Remond l'encline et lui baisa le pié, et le pape lui donne la beneïcon. (ARRAS, c.1392-1393, 271). ...le pape lui donne sa beneïcon. (ARRAS, c.1392-1393, 275). Je te salue, Marie etc... Moult bel salut icy a, et moult agreable beneisson, quer par iceluy salut, par tel Ave, fut destruicte la maudisson de l'umain lignage, qui vint par Eve (GERS., Annonc., a.1400, 228). Sur la provision requise par le curé de Chalemol, à cause des funerailles et beneissons de noces et d'espousailles à l'encontre de ses parroissiens (BAYE, I, 1400-1410, 166). Qui nos dis despiter vourra, Sache de voir qu'il encourra Apostolique maleiçon ; Mez tous ceulz aront beneiçon Qui nos status honnoreront Et a leur pouoir les feront. (Mart. st Pierre st Paul R., c.1430-1440, 161). Ferés du pié la béneisson, Par la ville de Maubuisson. (Doc. 1441. In : CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 30). ...ceste tres sainte beneiçon que Nostre Seigneur dist a Moÿse pour le dire a Aron son [frere] qui estoit grant presbtre de la loy, pour beneir les filz de Ysrael (LA SALE, J.S., 1456, 41). ...monseigneur le curé (...) en donnant la beneisson, descendit de sa predicacion (C.N.N., c.1456-1467, 514).

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BERCEAU   
"Petit lit où l'on peut bercer un enfant, berceau" : Et me tient contre mon gré, Par son faus art, Main et tart, Plus c'un poupart En un bersueil. (MACH., Lays, 1377, 416). ...IIIJ aulnes de grosse toille (...) pour envoleper [sic] un berseil à parer, qui avoit esté paint et ordonné pour feu monseigneur le Dalphin, et lequel est mis en garde et garnison au Louvre en la Chambre aux joieaulx. (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1387, 154). Et de ceulx, dit uns appellez Gervaise, que les luitons vont de nuit et entrent dedens les maisons sans les huys rompre ne ouvrir, et ostent les enfans des berceulx et bestournent les membres ou les ardent. Et, au departir, les laissent aussi sains comme devant, et a aucuns donnent grant eur en ce monde. (ARRAS, c.1392-1393, 3). Pour ceste cause aussy dient les anciens que musique premierement fu sur l'eaue trouvee et que pour ce fu elle appellee musique, c'est a dire moisique, pour ce que moys en grec c'est en françois eaue. Et pour ce aussy fu ainsy Moÿses appellez pour ce qu'i'fu ainsy petit enfant trouvé en un berceul en l'eaue, si comme l'Escripture tesmongne. (EVR. CONTY, Harm. sphères H.P.-H., c.1400, 104). ...pour avoir baillié et livré par l'ordonnance d'icelle dame et pour l'estat de l'enfant dont, au plaisir de Dieu, elle accouchera briefvement, les parties de drap qui s'ensuivent : langes, couvertoirs moyens, autre couvertoire, grand couvertoire pour couvrir le berceau, escarlate pour envelopper l'enfant (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.3, Fragm. hist., 1403, 253). A Raoulet du Gué, huchier, demourant à Paris, pour avoir fait un berceul tout de bort d'Irlande, où il a un escren au chevet et une bersouère bordée (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.3, Fragm. hist., 1403, 254). On nourrit lez jeunes seigneurs ez delices et a la fetardise. Des ce qu'ilz sont naiz, c'est a dire dez qu'ilz apprennent a parler, ilz sont a l'escole de gouliardise et de villez parollez. Les gens les adourent es bercheaulx et lez duisent a descongnoistre eulx mesmez et autruy. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 71). Les unes portoient les petits enfans en barseaulx sur leurs testes, les autres sur leur col, les aulcunes en avoient de pendus entour d'elles et autour de leurs corps avec bandeaulx de toille, et d'autres tenoient et traisnoient les grandelles par les mains, du mieux qu'elles pouvoient. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 206-207). ...les unes portoient les petiz en berseaulx, les moyens sur leur povre col et les grandelez menoient en leurs mains... (LE BOUVIER, Chron. Ch. VII, C.C.J., c.1451-1455, 340). Cestui prenostica les grandes gelées qui furent l'an mil IIIIcVII, où fut rescoux, sur ung glaçon passant par les pons de Paris, ung enfant en ung berceau, combien que autres dient qu'il estoit en ung vaisseau. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 147 r°). Ce vous estes en mariage Il fauldra garder le mesnage, Avoir des langes et des frettes, Des berseaulx et tant de souffrettes, Que c'est une grande pitié. (P. moyne, a.1500, 46).

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BIÈVRE1      | 2   
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Chapeau/chapelet de bievre : ...aucuns marchans tant brabançons que autres apportent souvent et ont acoustumé apporter en la ville de Paris, souliers, houreaux, chappeaux de bievre et de feutre, selles, brides, galoches, chandelles de suif et autres, patins, esperons, toilles, armeures et autres denrées pour vendre (Mét. corp. Paris L., t.1, 1351, 25). ...ung chappel à bec pour dame, pour chevaucher, et est de bièvre par dehors, brodé à l'envers à lys de perles, enlasseures d'or et de perles à arbreceaulx, et a ung laz de soye à neuf boutons de perles, que grans que petiz. (Invent. mobilier Ch. V, L., 1379-1391, 210-211). Lequel Normant ils devestirent, et des biens d'icellui ot à sa part un petit fermeillet d'or, qui estoit attaché à un chappeau de bievre que portoit sur sa teste ledit Normant ; ledit Jehannin du Boys, le chappeau de byevre où estoit attaché ledit fermeillet d'or (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 63). ...en une huche ou chaire, et dessoubz un viel chappel de bievre, print un sachet de cuir gros d'environ plain poing (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 82). Item, un court mantel a chevaucher, doublé de II. draps (...) Item, une barrette vermeille noeve (...) Item, un chapei de bievre noef (Invent. test. beauv. L., 1397, 46). Et se tenoit li rois d'Engleterre ou chief de sa nef, vestis d'un noir jaque de velviel, et portoit sus son chief un noir chapelet de bevenes qui bien li seoit (FROISS., Chron. D., p.1400, 883). En après venoit le roy, armé de toutes pièces, monté sur un coursier couvert jusques aux piez de drap de veloux azur, semé de fleurs-de-lys d'or de broderie, ayant en sa teste ung chapel de castor, aultrement de bièvre, doublé de veloux vermeil, sur lequel avoit au bout une hoppe de fil d'or. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 163). ...et sy avoit sur son chief un chappeau de bièvre gris, fouré de satin vermeil, à une houppette dessus, de fil d'or et de soye (ESCOUCHY, Chron. B., t.1, c.1453-14, 238). Et endementiers qu'il estoit a l'ombre de son ciel arriva Saintré semblablement armé de toutes ses armes excepté du chief, qui couvert estoit d'un tresbel chappellet de bievre environné d'une tres belle touaille de Plaisance volant (LA SALE, J.S., 1456, 153). Les secretaires ne prenoient pour lectre d'office que ung escu ou ung chapeau de bièvre (BAUDE, Eloge Ch. VII, V., p.1484, 134).

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BISCAYEN   
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Subst. : ...lesdits Biscaiens vinrent avec douze vaisseaux (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, 1437-1464, 319). Iceulx Biscains (...) si arriverent en XII vaisseaulx nommez espinaces (LE BOUVIER, Chron. Ch. VII, C.C.J., c.1451-1455, 379). Moreau, noir comme ung Biscaïn, Plus harlé que ne fut Caïn... (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 746).

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BLANC   
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Armé à blanc./Blanc armé. "Couvert d'une telle armure" : ...et à la senestre le conte du Maine, son frère, armez tout à blanc (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 164). Les Sabbiens sont arrivés Soudainement, tous blans armés, Et de premier qu'ilz sont venus Leurs glaives ont tiréz tous nus (Pac. Job M., c.1448-1478, 281). Par quoy, je voys hastivement Assembler ribleurs et sergens, Satalites, bateurs de gens, Courreurs de nuyt et gens a sanc Pour les faire armer tout a blanc. (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 258). ...et fut prins ung prisonnier par ledit conte, lequel il bailla à garder à ung nommé Gallant la trompette, qui estoit armé tout à blanc parmy l'armée. (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 141).

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BORDE1      | 2 | 3 | 4   
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Ne borde ne maison : Il n'a ne borde ne maison, Ne forteresce de ci au Quaire Où vous vous peüssiez retraire, Non jusques en Jherusalem. (MACH., P. Alex., p.1369, 82). ...il n'a maison ne borde (MACH., Lays, 1377, 413). La n'ot ne borde, ne maison, Et de logier estoit saison (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 297). Laboureux ont du mal foison Car ilz n'ont borde ne maison Ou ilz se sachent maintenir (RÉGN., F.A., 1432-c.1465, 60). Et ne demoura quasi bourde, ne maison, par où ilz passèrent, que tout ne fust ars ou au moins pour la plus grande partie (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 90). Mais d'une chose Gerart ne se peult assés esmervellier ; de ce que autour du chastel, pres ne loing, il ne paroit borde ne maison ne nul batel sur la riviere, que il veoit moult grosse. (Gérard de Nevers L., c.1451-1464, 105).

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BOUT1      | 2   
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Au bout de. "Vers l'extrémité qu'est..., en direction de" : Vostre grant orgueil abatrons, Soyez en seurs com de la mort. Et bien les peaulx vous fourbirons, A la venue du duc d'Iort, Et retournerez au bout de nort. Et ne parlez plus de combatre ; Malle fièvre vous puisse abatre ! (Doc. 1441. In : CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 31).

48

BRÈCHE   
A. -

"Ouverture (en partic. faite dans un mur), brèche" : Mais les Englois descendirent à pié selon le costé d'un vilaige et mistrent derriere eulz un closage fort, là où ilz firent pluseurs breches (Chron. norm. 14e M., c.1369-1372, 163). Et finablement fut batue icelle ville tant que on y fist plussieurs brèches en la muraille (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 16). ...une grant bresche faicte en la muraille d'icelui chasteau par lesdites bombardes et autres engins. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.1, c.1437-1464, 165). ...mais aucuns paillars tenans le parti de Bourgongne se alerent mettre et bouter dedens le chastel et parc dudit Hedin, auquel lieu le roi fist tirer de son artillerie qui incontinent y fist une grant bresche, par laquelle les gens du roy y entrerent. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 46). Et, comme ilz avoient conclud, saillirent ces six cens hommes de Franchemont par les brèches de leurs murailles (COMM., I, 1489-1491, 156). Si bien ne sceurent eulx conduire en deffence, Car assiegez estoient tout autour, Que par la bresche d'une moult forte tour, La ou avoit quelque trace de sang, Qu'on n'y entrast soudain (LA VIGNE, V.N., p.1495, 244). ...[le comte de Dampmartin] fist descendre ung nommé Bellot, paige de Ythier de Larrie, qui portoit l'enseigne, par une breche, par trois fois, dedens lesdis fossez. Et à chascune fois portoit ung sac plain de poudre à canon, laquelle il espandit et semit sur ledit pont de claies, et d'icelle feist une trainnée jusques à laditte breche, en quoy faisant il se mist en très grant dangier (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 291).

49

BRETON   
C. -

MONN. "Monnaie des ducs de Bretagne" : Et finablement ledit Pater (...) leur vendi de sesdiz cliquars jusques a la valeur de XXX a XL l. t. de ladicte monnoie, dont il y avoit de IX a X l. t. en bretons et le demourant esdiz deniers. (Chancell. Henri VI, L., t.2, 1427, 57). ...chacun chevron de XV piés au priz de III bretons (Comptes Archev. Rouen J., 1437, 147). Et tantost ledit portier, pour convoitise d'avoir argent, print ung autre Anglois avec luy et vindrent le pont avaller. Et adonc cherria ledit charretier ; et quant il fut sur le susdit premier pont atout sa charette, il tira de sa bource deux bretons et une placque pour paier lesdits Anglois (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 71). ...et entretant lui jetta à terre, pour son vin, deux bretons et une plaque (ESCOUCHY, Chron. B., t.1, c.1453-14, 165).

50

BREUVAGE   
A. -

"Boisson, breuvage" : Mi ange, alez ent conme appert En la chartre ou Ygnace est mis, Et de par moy ly soit tramis Ce pain et ce pot de buvrage. (Mir. st Ign., 1366, 104). ...il ne burent d'aultre buvrage que de la riviere cui la couroit. (FROISS., Chron. D., p.1400, 133). A ses chevaliers on tendi Buvrage, qui les estendi A la terre comme chetis (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 42). Des manières de bevrages desquelz fault user et desquelz non user en temps pestillencial. (LA HAYE, P. peste, 1426, 98). Oultre ce, par les carrefours avoit personnaiges ; c'est assçavoir, en une place une fontaine aux armes de la ville, qui sont l'Agnus Dei gectant bruvages par ses cornes. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 169). Ma char est viande de vie Qui pour vous est appareillie, Et mon sang aussi est bruvaige Dont boire porrez en vostre aige (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 97). ...et, pour pippe de vin breton, seroit paié cinq soulz seullement, tous menus berages et despence d'ostel rabatus. (Chron. Mt-St-Mich. L., t.2, Pièces div., 1441, 136). Cellui qui pisse contre le soleil, il devient en sa plaine vie graveleux et si en engendre souvent la pierre. Glose. Je croy (...) que la gravele viengne plus tost de boire trouble vin ou autre beuvrage trouble et especialement de chevauchier sans selle. (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 99). Tantost luy balharey son brevage. (Pass. Auv., 1477, 222).

51

BUTIN   
A. -

"Prises de guerre qui se partagent entre les soldats" : Si arresterent et conclurrent les capitaines entre eulx que, sus le soir, ilz se departiroient et enmerroient tout leur butin et leurs prisonniers dont ilz en avoient plus de deux cens (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 220). Et eurent ce jour li Breton plus de trois cens prisonniers, que de puis il rançonnèrent bien et chier, et si conquissent tout lor harnois où il eurent grant butin. (FROISS., Chron. R., VIII, c.1375-1400, 114). [Des bandes de brigands sont tolérées pendant les trêves entre la France et l'Angleterre] Et voloient bien li auqun dire que il estoient porté couvertement et sousfert des officiiers dou roi et des chevaliers et esquiers dou pais ou il conversoient, et que chil estoient participant a lors butins et pillages. (FROISS., Chron. D., p.1400, 857). Je cuide bien que le ceur fault A vous tous ensamble à butin ["vous n'avez plus le coeur au butin, à chercher du butin"], Quant vous pensez que d'un assault Serés prins, ou soir ou matin. Oncques ne veistes tel hutin ; Que ferez-vous quand vos voisins Serreront sur ces pellerins ? (Doc. 1441. In : CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 31). ...ou lesditz prinsonniers furent mys a finance et le boutin parti. (LE BOUVIER, Chron. Ch. VII, C.C.J., c.1451-1455, 411). Et mesmement se fist de moult belles destrousses en la duchié de Bourgongne et contez de Charrolois et Masconnois, où les gens du roy y gaignerent de moult beaux butins et y prindrent de moult bons prisonniers (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 257). Ainsi passa le soir. Et fut dit et recité au Jouvencel que le cappitaine estoit bien content de lui et qu'il auroit si bonne part au butin qu'il en devroit estre content, et lui donneroit ung cheval pour porter son paige ; car il l'avoit bien desservi. (BUEIL, I, 1461-1466, 38). Aprez ceste destrousse faicte, saillirent plusieurs debatz et questions, comme tousjours advient, quant ung butin a esté fait. (BUEIL, II, 1461-1466, 212). ...et après les exhorta qu'ilz feissent une course ès païs que possedoient leurs ennemys, lesquelz en furent très contens ; et partirent grant nombre de gens bien en point et chevaucherent jusques à une grosse ville champestre, laquelle ilz prindrent par force et là où ilz gaignerent grant butin et de bons prisonnyers, dont se esmeurent grans debats. (BUEIL, II, 1461-1466, 80). ...la première bande voulut avoir part à tout ce qu'il avoit gaigné et voullurent que son gaing fust departy à six ou sept qu'ilz estoient, et disoient qu'il n'avoit pas puissance de abutiner les autres en leur part. Pareillement voulurent toutes les aultres bandes qu'il leur fist bon le butin qu'il avoit gaigné. Il ne le dit à nul qu'il eust aucun abutiné avecque lui ; mais s'abutinoit à tous, pensant qu'il deust avoir butin en tous les butins où il se boutoit, et pensoit pas qu'il deust faire à tous part de ce qu'il gaigneroit. Et, par ce, fut condempné à faire le butin bon à tous. (BUEIL, II, 1461-1466, 96). Retournant audictz ducz de Normandie et de Bretaigne, qui estoient alléz prendre possession de la duché de Normandie, dès ce que leur entrée fut faicte à Rouen ilz se commencèrent à diviser quant ce vint à departir le butin (COMM., I, 1489-1491, 88). Aux gens d'armes despleüt fort le conseil que avoit donné le connestable, car ilz veoyent de beaulx butins devant leurs yeulx. (COMM., I, 1489-1491, 99).

52

CACHETTE   
-

En cachette(s). "De façon à ne pas être vu" : Et lour ioie [l. joie] est toute teille comme de celi qui deuoure [l. devoure] lou poure [l. povre] home secretement et en quaichate (Psaut. lorr. A., 1365, 153). ...se aulcune chose en copulation charnelle elle a commis avesque le roy, dont on ne se peust appercevoir, si avoit ce esté cautement et en cachette (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, 1437-1464, 183). Et puis fut porté à Nise [Bacchus] et y fut nourry en cachettes pour la doubte de sa marrastre Juno (Ovide mor. B., 1466-1467, 118). Et semblablement Abydas, Ou temps Jesabel, en cachetes Alimenta bien cent prophetes (MICHEL, Myst. Pass. J., 1486, 36).

53

CANONNIER   
B. -

"Celui qui est affecté au service d'un canon" : ...et en les menant furent tuez en la rue S. Antoinne desdiz de Paris le canonnier du Dauphin et l'un des serviteurs du duc d'Orliens (BAYE, II, 1411-1417, 109). Laquelle compaignie estoit estimée se monter environ à six mille combatans, et les francs-archiers à quatre mille, sans en ce comprendre canonniers, marchands, manouvriers, gens de mestier et mariniers suivant l'ost (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 177). ...ceulx de dedens traictèrent, par condicion qu'ilz renderoient ledit fort et s'en yroient sauf leurs vies, sans emporter nulz de leurs biens, réservés les cannoniers, et ceulx qui aultrefois avoient fait sairement pour le partie du roy Henry. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.5, c.1444-1453, 10). Et, pour ce qu'on doubtoit fort lesdiz Bourguignons et Bretons retourner devant Paris, et qu'il fut raporté que maistre Girault, canonnier, s'estoit vanté de asseoir et assortir de son artillerie à la voierie devant la porte Saint-Denis et celle de Saint-Anthoine, pour fouldroier aucuns lieux de ladicte ville (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 83). Et si y envoya [le roy] grant quantité d'artillerie et canonniers. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 296). ...il avoit deliberé de semer parmy les champs son artillerie (...). Car dix, XII, XV mille hommes sont plus aisiez à congnoistre que ne sont deux ou trois, c'est assavoir ung canonnier et ses aides. (BUEIL, II, 1461-1466, 232). ...tant pour la garde du corps du roy que pour la garde de la ville de Paris, feirent secrettement et diliganment habillier et armer les archiers, arbalestriers, canonniers, coulevrainniers, bourgois, gens de mestiers et tous aultres (MAUPOINT, Journ. paris. F., p.1465, 88). Mais ledit messire Guillaume s'abusoit, car le duc de Bourgoingne avoit meilleure artillerie et meilleurs canonniers que n'avoit ledit messire Guillaume (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 96). Je vous diray, allons y voir, Et y menons les cannoniers Qui ont la charge a y prouvoir, Et qui y sont officiers. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 195). Et du costé des Bourguygnons y avoit largement artillerie conduicte par ung canonnier fort renommé, qui avoit nom maistre Gerault (et autres), lequel avoit esté prins en ceste bataille de Montlehery estant du party du roy. (COMM., I, 1489-1491, 46). ...plusieurs compaignons d'icelle artillerie, comme canonniers, chargeurs, chartiers, aydes, bouteffeux (LA VIGNE, V.N., p.1495, 278).

54

CANTONNER   
II. -

Empl. pronom. [D'une troupe] "Se retirer dans un endroit pour s'y défendre" : ...et pour ce se misdrent paraillement en armes et cantonnèrent contre iceulx Anglois, et firent grant guet et grant garde tout ce jour de samedy (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, 1437-1464, 148).

55

CARTAGE   
"Droit levé sur certaines denrées" : ...avons délibéré et ordonné l'imposicion sur le sel mis en guernier sur chscun muy et le quartage de touz breuvages (Ordonn. rois Fr. V.B., t.11, 1420, 118). Ne seront contraincts doresnavant lesdits manans et habitans desdits païs de Guyenne et de Bourdelois de payer aulcunes tailles, impositions, gabelles, fouages, cartages, ne autres subsides (Doc. 1451. In : CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 288). Jugement (...) que dit que nul menans de Metz n'ait a avoir nul quartaige, ne avoir mezure en sa maison pour vandre ne pour aicheteir, for que ledit hospitaul. (Jug. maître-échev. Metz S.M.S., t.1, a.1494, 1345], 242).

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CAS1      | 2 | 3   
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Commettre/faire/perpetrer un cas : ...le dit Jehan Bouhet (...) ne fut onques mais accusé d'aucuns mauvais cas et a esté meu de commettre le cas dessus dit par induction d'autrui (Doc. Poitou G., t.7, 1410, 194). ...et sont les innocens condempnez a mourir, lesquelz n'auront pas conmis les cas qu'ilz confesseront par force de jehayne. (JUV. URS., Aud. illos, 1432, 35). En quoy faisant, ils auront la jouissance paisible de tous leurs biens et héritages quelconques, en quelques endroits qu'ils soient situez et assis, et auront abolicion générale de tous cas et choses quelxconques commises et perpétrées. (Doc. 1451. In : CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 263). Si vous prions (...) que (...) vous enterinez les lectres de remission nagueres données par mondit seigneur (...) au dit Millet Blondelet d'aucuns cas par luy commis ou fait de ladicte monnoye plus a plain exprimez en ladicte remission (Lettres Louis XI, C., t.1, 1443, 15). Nous lysons es croniques de plusieurs evesques qui firent de mauvais cas contre le roy (JUV. URS., Nescio, 1445, 484). "...Se je fay faire aulcune poison et Jason en est mis a mort, ceulx qui la poison auront faitte ne s'en pourront taire. Que plus est, Jason se garde soigneusement de ceste chose. O, que de pensees ! Je n'y voy moyen se de ma propre main ne commetz le cas." (LEFÈVRE (R.), Hist. Jason P., c.1460, 131). ...et en icelle et es faulxbourgs et banlieue ilz peussent joyr de toutes franchises de tous cas par eulx commis, comme de murdre, furt, larrecins, piperies et tous autres cas, reservé crime de lese majesté (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 174). Premier, est sceu en plusieurs pas Qu'il a commis plusieurs grans cas Contre la loy pour la casser, Comme du sabbat transgresser (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 420). De remettre, quitter, abolir et pardonner à tous ceulx qu'il verra estre à faire, soit en general ou en particulier, tous cas, crimes, malefices et delictz qu'ilz ont ou pourroient avoir faiz ou commis de tout le temps passé, pour quelque cause ne en quelque maniere que ce soit (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 231).

57

CASTIGATION   
B. -

"Avertissement, correction" : Et peult estre espéré sesdits complaints et regretz valloir à la castigacion et amendement de tous les escoutans. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, 1437-1464, 35).

58

CASTOR   
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"Fourrure de castor" : En après venoit le roy, armé de toutes pièces (...) ayant en sa teste ung chapel de castor, aultrement de bièvre (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, 1437-1464, 163).

59

CATHÉDRAL   
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Eglise cathedrale. "Eglise épiscopale" : Car il reputent plus dignes ceulz qui sunt de la cité que ceulz qui demeurent es champs ou es villages. Et semblablement, es anciens decrés et conciles est faicte distinction entre les prestres des cités et les prestres ruralz, et establi que en chescune eglise cathedral soient prestres cardinalz qui soient de la cité. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 270). ...le mariaige de ces deux joennes enffans se confrema, et furent conjoint par mariaige ensamble, en l'eglise cathedrale de Saint-Estienne, à Bourghes (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 227). Le mardi, à heure de la haute messe, il furent espousé, en l'eglise catedral Nostre Dame de Cambrai, à grant solempnité. (FROISS., Chron. R., XI, c.1375-1400, 194). ...car nous veons que une cité en laquelle l'evesque a esté tué et occis, si est privee a tousjours mais d'evesque, conme il est escript ou Decret (...) ; ouquel cas l'Eglyse cathedral est privee d'evesque sanz sa coulpe, et pour la coulpe du pueple. Par plus forte raison, une Eglyse, pour sa propre coulpe, devera estre privee de son honeur ou priviliege. (Songe verg. S., t.1, 1378, 140). La XXVIIe jour vegile Saint Symon et Saint Jude, Madame ala oyr messe à l'esglise cathedral (LE FÈVRE, Journ. M., c.1380-1390, 450). ...d'enquerir se les eglises des terres dessus dites et ressort, soient cathedraulx, collegiaux, abbaye, tant noires comme blanches, prioréz, eglises parrochiaux, maisons Dieu, hospitaulx ou autre religion, quelque elle soit, ont acquis par quelque maniere que ce soit, puis IIIIxx et trois ans, sanz nostre auttorité de nous ou de noz devanciers (Cout. bourg. glosé P.M., c.1380-1400, 94). ...tu le doys recevoir [le saint sacrement] aus dictes solennitez es eglises cathedrales et aux autres grans eglises, la ou tu te trouveras devant ton peuple (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 263). Li jones rois Edouwars espousa Phelippe de Hainnau en l'eglise catedral, que on dist de Saint Guillaume (FROISS., Chron. D., p.1400, 161). Et fu couronnés en l'eglise catedral de Nostre Dame de Rains li rois Phelippes, et rechut toutes les solempnités que rois de France doit recevoir. (FROISS., Chron. D., p.1400, 175). ...si declaira lors le roy manifestement pape Clement, et le fist segnefier partout son royaume tant à prelas et eglises cathedrales comme à autres gens. (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., II, 1404, 147-148). ...comme qui vouldroit maintenir que une femme peut estre doyen d'une esglise cathedrale (JUV. URS., Aud. celi, 1435, 163). ...tant en icelle église cathédralle, comme en toutes les aultres églises de la ville et cité de Bourdeaulx. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 310). ...des eglises cathedraulx (JUV. URS., T. crest., c.1446, 115). ...fut tué sur les degrez de son eglise cathedral. (LE BOUVIER, Chron. Ch. VII, C.C.J., c.1451-1455, 434). ...et allerent tant par leurs petiz pas qu'ilz arriverent à Francheville, qui estoit une grosse ville champestre, où il y avoit grosses eglises cathedrales et abbayes et estoient riches et puissans et y avoit ung groz peuple, qui riens n'avoit acoustumé à perdre. (BUEIL, II, 1461-1466, 88). ...qui est la feste de la grant eglise cathedralle (LA VIGNE, V.N., p.1495, 261).

60

CATHOLIQUE   
-

Au fém. : Et saiches que je scay bien que tu cuides que ce soit fantosme ou euvre dyabolique de mon fait et de mes paroles, mais je te certiffie que je suiz de par Dieu et croy en tout quanque vraye catholique doit croire. (ARRAS, c.1392-1393, 25). Durant laquelle maladie fist plussieurs regretz et gémissemens, soy repentant merveilleusement de ses péchiez, comme une bonne et vraye catholicque doit faire. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 35). ...maiz de leur voulenté indeue, la firent ardoir en icelle ville de Rouen publiquement, en luy imposant plusieurs maléfices, qui fut bien inhumainement fait, veu la vie et gouvernement dont elle vivoit. Car elle se confessoit et recepvoit par chacune sepmaine le corps de nostre Seigneur, comme bonne catholique. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.1, c.1437-1464, 122).

61

CAUTEMENT   
A. -

[Valeur positive] "Prudemment, habilement" : ...et aussi la loy que Diex bailla a Moÿse si a habundanment pourveü au prestres et au clers et y a cautement pourveü, car il ne leur a mie comis royaume ou auqune seignorie temporele a governer. (Songe verg. S., t.1, 1378, 31). Aviser me fault que mon fait Caultement face et sagement. (Mir. Clov., c.1381, 203). Et aussi est chose certaine Qu'en lieu ou il a plus de paine Et de peril, certainement Ouvrer y fault plus cautement Qu'au lieu ou il n'a qu'un chemin (DESCH., M.M., c.1385-1403, 247). Et pour ce je vous dy que ainsi sagement, subtillement, cautement et doulcement doivent les bonnes dames conseiller et retraire leurs mariz des folyes et simplesses dont elles les voyent embrasez et entechez (Ménagier Paris B.F., c.1392-1394, 113). ...moult se voulsissent pener, se ilz peussent, de desavancier leur prosperité, mais que si cautement fust que on ne l'apperceust (Bouciquaut L., 1406-1409, 233). ...Aies en souspeçon cellui qui moult t'enquiert de savoir ton secret s'il n'est bien ton ami, et qui qu'il soit sache de ses condicions ains que riens lui dies, et caultement t'en gardes. (CHR. PIZ., Paix W., 1412-1413, 171). Doncquez doibt avoir science de tout congnoistre celui qui tout a en garde. Car la discretion d'eslire et sens de eschiver est seant a l'omme que tous entendent a plus vouloir aproucher par auctorité ou surprendre par malice, et plus doit caultement et sagement aler cil qui plus perilleusement peult trebucher. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 73). ...se aulcune chose en copulation charnelle elle a commis avesque le roy, dont on ne se peust appercevoir, si avoit ce esté cautement et en cachette (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 183).

62

CÉDER   
2.

Ceder à qqc. "Renoncer à qqc." : Comment, au moyen desdits ambaxadeurs, icelluy duc nommé en son obéissance pape Félix céda totallement au droit qu'il prétendoit au pappat, et depuis fut ordonné légat perpétuel en Savoye. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 58).

63

CERF   
-

[Dans un tableau vivant] : Ailleurs avoit ung tigre et ses petits qui se miroient en mirouers ; et au plus près de Nostre-Dame avoit ung cerf volant bien et somptueusement fait, lequel par mistère s'agenouilla devant le roy quand il passa par là pour aller à icelle église (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 169). ...en la ville, dedens laquelle y avoit pluseurs histoires de saints et de saintes en moult de lieux, qui juoient des personnages moult autentiquement. Et, entre les autres, y avoit auprès de Nostre-Dame, un cerf volant qui avoit une couronne en son col, et le tenoient deux pucelles à deux las de soye, et se agenouilla tout bas quant le Roy passa devant lui. (ESCOUCHY, Chron. B., t.1, c.1453-14, 233-234).

64

CERTAIN   
-

[D'une connaissance, d'un savoir, d'une science, d'une information, d'une opinion, d'une conjecture, d'un jugement, d'une vérité...] "Fondé" : Les hierbes et les pieres ou la viertu s'alie Congnissoit la puchielle par chiertainne estudie (Flor. Rome W., c.1330-1400, 135). Et si m'est de certain avis Que vez la ou je doy aler. (Mir. enf. diable, c.1339, 39). ...Puis que du fait la congnoissance Certaine avez. (Mir. ev. arced., c.1341, 134). ...peut c'estre ore mençonge Ceste vision, ou vray songe ? Mençonge non, ains est certain (Mir. emp. Julien, 1351, 200). ...en laquelle cause certain jugement a esté donné de nous pour et au prouffit dudit Girart et contre ledit Regnault (Chartes Abb. St-Magl. T.F., t.3, 1390, 623). Saichiez que mon intencïon Est de moy briefment marïer Et femme en l'eglise espouser, Sur quoy j'ay eu certain avis. (Gris., 1395, 21). Car avoir certain jugement De son mal est l'abbregement Des douleurs et l'alegement (CHART., L. Dames, 1416, 264). Le salut commun et le bien, Fist compiler, pour le voir dire, Examiner et puiz escrire Par notables Phisiciens, Expers en l'art et anciens, Une certaine et vraie doctrine, Cueillie ou champ de Médicine (LA HAYE, P. peste, 1426, 12). ...sa science [de Dieu] est certaine et invariable (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 159). ...mais tout cela estant venu à la congnoissance dudit Houel par certaines congectures, envoya hastivement en advertir et quérir ledit sieur de la Roche-Guyon (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 118). ...je ne tends que à une seulle fin principalle, c'est, Sire, que vous puissez congnoistre clerement et evidemment que la science de astrologie est vraye et certaine science, fondée sur fondemens certains, qui sont nombre, mesure, raison naturelle et princippes de phillozophie (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 5 v°). Pour ce est il allegué de plusieurs docteurs et est son oppinion tenue bien certaine. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 64 v°).

65

CERVOISE   
"Boisson alcoolisée, obtenue par fermentation de céréales comme l'orge, sorte de bière (sans houblon)" : Li pouure vont à la ceruoise, Leur, ilh font mult souent grant noise ; Et li aulcuns, enle[nt] godalle, Qui ont pau d'argent en leur malle ; Et li plus riche vont à vin (Sept péchés C., c.1300-1350 [p.1478], 216). ...Et s'il avient que vers ma dame voise, Je soingnerai le païs de servoise En general. (MACH., F. am., c.1361, 176). Et si despent on moult en blé, Car maint y a qui se renvoise, En buvant godale et servoise ; Et si a moult bonnes gens d'armes, Biaus chevaliers et beles dames. (MACH., P. Alex., p.1369, 28). Li dis rois avoit fait cargier bien quatre vingt nefs de blés, de farines, de vins, de chars, d'avaines et de chervoises, pour soustenir l'ost, car il estoit jà moult avant en l'ivier. (FROISS., Chron. L., IV, c.1375-1400, 153). ...le escuier (...) fist venir une quarte de cervoise et le paya (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 54). Angloys sont nourrys de doulces viandes et de bonnes cervoises crasses qui tiennent les corps moistes (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 98). ...le lundi après le Lendit il alast parler à eulx en la place Maubert, à Paris, en l'ostel enseingne du Plat d'Estain, près d'une maison où l'en vent servoise, où ilz estoient logiez (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 422). ...les religieux, abbé et couvent de Jumieges [lui doivent], à la saint Pierre et saint Pol, un septier de vin, un septier de cervoise, et XII pains (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 138). ...bons vins de Gascongne, d'Ausai et de Rin, le potel pour trois estrelins et les milleurs cervoisses dou monde (FROISS., Chron. D., p.1400, 123). ...il sont moult sobre, et se passent bien deus ou trois jours a mengier char a moitié quite, sans pain, et de boire aige de rieu courant, sans vin ne cervoise. (FROISS., Chron. D., p.1400, 126). ...sur le fait des fermes des servoises et autre menus buvrages (BAYE, I, 1400-1410, 193). Des quatre deniers que monseigneur prent sur chascun lot de vin et des 2 solz qu'il prent sur chascun tonnel de cervoise (Comptes Etat bourg. M.F., t.3, 1416-1418, 65). Entre vous Angloiz et Normans, Estans léans dedens Pontoise, Fuyez vous en, prenés les champs, Oublyez la rivière d'Oise Et retournez à la cervoise De quoy vous estes tous nourriz, Senglans, puans, mezeaulx porriz. (Doc. 1441. In : CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 29-30). ...les gouverneurs d'ycelle cité Tournay avoient mis aucun subside sur les cervoises (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.4, c.1444-1453, 295). [La femme aimée m'a fait entendre Tousjours d'un que ce feust ung autre :] Du ciel une paille d'arrain, Des nues une peau de veau, Du main que c'estoit le serain, D'un troingnon de chou ung naviau, D'orde servoyse vin nouveau (VILLON, Test. R.H., 1461-1462, 68). Se une femme a grant desir que son mari ayme les parens et amis de par elle qu'il jamaiz n'ara amez, quant ilz la vendront veoir leur chien avec eulz, fault recueillier de la pissate du chien et lui en faire boire en cervoise ou mengier en potage a son dessceu. Et aprés festoié qu'il ara le chien, moult ara en sa grace les personnes que le chien aymera. (Ev. Quen., II, c.1466-1474, 136). Icy est a noter que la cervoise se peult faire de divers grains, come d'avaine, d'orge, et de froument (Rég. santé corps C., 1480, 94).

66

CHALEUREUSEMENT   
"Avec ardeur, avec coeur" : ...lesquels s'y gouvernèrent fort vaillement et chaleureusement, mesmement les francs-archiers (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, 1437-1464, 188).

67

CHANFREIN   
ARM. "Pièce d'armure protégeant le devant de la tête d'un cheval de bataille" : Par le chanfrain [le cheval Baiart] le prinst, vers Karle s'en ala, Moult tendrement plourant Karle le delivra. (Renaut Mont. B.N. V., c.1350-1400, 432). ...2 aunes et 3 quartiers de veluyau ynde, à faire la garnison d'un chamfrain, et une escarteleure de la tunicle (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 143). Mais Remondin lui gette l'estrier par grant air, et attaint le cheval ou front de si grant force que le chanfrain d'acier fu effondré, et convint le cheval par la force du coup aler par terre des jarrez derriere [Leçon gauffrain d'acier, l. ganffrain, Bibl. elz., ds GD IV, 246b, s.v. gauffrain]. (ARRAS, c.1392-1393, 63). ...XXV harnoiz de joustes, c'est assavoir : sele, pissière et chanffrain et XXV paires de mances pour lesdites joustes de Brouxelles (Comptes Lille L., t.1, 1421-1422, 189). ...lequel avoit ung chanfrain à son cheval d'armes prisé trente mille escuz. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 176). Et sur les harnas du Roy estoit une courniole couverte d'orfaverie. Et sur son cheval estoit un pers velours, tout tissu de grandes fleurs de lis d'or moult riches, et batoit jusques à terre. Et avoit ung chanffrain d'acier, sur lequel avoit ung très bel plumail. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.5, c.1444-1453, 304-305). À Guillemin Théroude, plumacier de Tours, ledit jour, en huit escuz onze livres, pour plumes blanches et violées pour ung chanfrain et pour une grosse poume desdites plumes pour la sallade dudit seigneur (Comptes roi René A., t.1, 1451, 366). ...lequel avoit a son cheval ung chanffrain prisé XXXm escus (LE BOUVIER, Chron. Ch. VII, C.C.J., c.1451-1455, 328). ...sy prist ung haubert, la cuirye, le healme et l'escu, chausses de fer, et tout le harnas que alors on avoit acoustumé de porter en armes, sy en arma Gerart (...). Puis luy apporta ung moult bon escu tout couvert de vermeil ; la sambue, le chanffrain et picierre du samblable furent couvertes. (Gérard de Nevers L., c.1451-1464, 54). ...et aprés ses quatre destriers couvers de paremens de fin taffetas de Florence (...) et sur leurs testes chascun un tresbel chanffrain d'acier bien garny de tresbelles plumes d'ostrisse (LA SALE, J.S., 1456, 99). Voulentiers frappoit aux chamfrains D'ung cheval quant venoit en jouste, Ou droit a la queue sans doubte (Fr. arch. B., c.1468-1480, 36). Sur leurs chevaulx, d'or et d'argent clochettes, Orphaveries par despit mesurees, Chanfrains dorez (LA VIGNE, V.N., p.1495, 212).

68

CHAPEAU   
.

Chapeau de bievre/castor. "Chapeau de castor" : ...1 chapel de bièvre à parer, ouvré sur un fin velluau vermeil de grainne, ouquel chapel avoit enfans fais d'or nue près du vif, qui abatoient glans de chesne dont les tiges estoient de grosses perles et les fueilles d'or de Chippre à un point (Comptes argent. rois Fr. D.-A., I, 1352, 298). ...J grant chappeau de fin bievre brun, pour soleil, fourré de cendal tierçain en graine et garny d'or et d'argent de Chippre et d'un laz de soye et de houppes et boutons (Comptes argent. rois Fr. D.-A., II, 1387, 208). Lequel Normant ils devestirent, et des biens d'icellui ot à sa part un petit fermeillet d'or, qui estoit attaché à un chappeau de bievre que portoit sur sa teste ledit Normant (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 63). ...1 chapel de bievre, doublé de cendal en graine, à une plume d'ostruce blanche double (Invent. mobiliers ducs de Bourg. P., t.2, 1390, 559). Encores font les sergens pis Qui povre gent ne laissent vivre ; Dehors portent chapeaulx de bievre Et se font servir comme comme roys (BOUVET, Appar. Meun A., 1398, 36). En après venoit le roy, armé de toutes pièces, monté sur un coursier couvert jusques aux piez de drap de veloux azur, semé de fleurs-de-lys d'or de broderie, ayant en sa teste ung chapel de castor, aultrement de bièvre, doublé de veloux vermeil, sur lequel avoit au bout une hoppe de fil d'or. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 163). Les secretaires ne prenoient pour lectre d'office que ung escu ou ung chapeau de bièvre (BAUDE, Eloge Ch. VII, V., p.1484, 134).

69

CHARRIER3      | 1 | 2 | 4   
-

"Faire avancer un char ; conduire son char" : "...Et au dit passage [un gué], monsigneur, que je vous nomme, a gravier de blanke marle, forte et dure, sur quoi on poet seurement chariier, et pour ce appelle on ce pas le Blanke Take." (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 160). Car encores y avoit en l'ost le roy d'Engleterre jusques à cinq cens varlès, à tout pelles et cuignies, qui aloient devant le charoi et ounioient les chemins et les voies et copoient les espines et les buissons, pour chariier plus aise. (FROISS., Chron. L., V, c.1375-1400, 200). ...et en ladite charrete avoit, dedens un sac, une piece de toile, que print, embla et emporta icellui Berthaut ; et nonobstant, non adverti de ce, charia et s'en ala jusques à l'ostel de son maistre icellui charretier (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 503). Et tantost ledit portier, pour convoitise d'avoir argent, print ung autre Anglois avec luy et vindrent le pont avaller. Et adonc cherria ledit charretier ; et quant il fut sur le susdit premier pont atout sa charette, il tira de sa bource deux bretons et une placque pour paier lesdits Anglois (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 71).

70

CHEVALIER   
.

Chevalier de + nom de l'Ordre : ...d'autant qu'il estoit chevalier de la Jartière, qui est l'ordre du roy d'Angleterre (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 309).

71

CHRONIQUEUR   
"Auteur de chroniques" : ...cy commence la cronicque du temps de très chrestien roy Charles septiesme de ce nom, roy de France, faicte et compillée par moy, frère Jehan Charretier, religieux et chantre de l'église Monseigneur saint Denis, cronicqueur dudit royaulme (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.1, c.1437-1464, 25). [Autre ex. p.27] Ce que je, frère Jean Chartier, chantre de Sainct-Denis en France, chroniqueur de France, certifie avoir veu et esté présent (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 180). Et dit ung croniqueur anglois quod prerogativa sevicie omnibus populis viderat eos preminere. (JUV. URS., T. crest., c.1446, 32). Mais des guerres et de la conqueste de Normandie et de Guienne, qui en cet an cinquante et ung se faisoyent, j'en lairray escripre aux nobles et saiges croniqueurs qui en ont sceuz et enquis de ce. (LA MARCHE, Mém., II, c.1470, 210). Les croniqueurs n'escrivent communement que les choses qui sont à la louenge de ceulx de qui ilz parlent (COMM., II, 1489-1491, 172). ...moy, croniqueur, ay oÿ dire et raconter à ceulx que j'ay cy dessus nommés... (LE CLERC, Interp. Roye, c.1502, 269).

Rem. RAOUL DE PRESLES (c.1375, éd.1531) ds TLF.

72

CITÉ   
-

[En association avec ville, qui désigne alors l'entier de l'agglomération] : ...venu en la ville et chité d'Arras (FROISS., Chron. D., p.1400, 460). ...en intencion d'aler pourveoir et secourir à la ville et cité de Rouen, assiegée par le roy d'Angleterre. (FAUQ., I, 1417-1420, 203). De laquelle compaignie et armée firent et ordonnèrent lesdits seigneurs Françoys deux corps, dont l'ung d'iceulx estoit entre la porte des Chartreux et la porte Beauvoisine. (...) Et l'autre partie estoit entre la justice et la cité d'icelle ville (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 140-141). Camurin, ville et cité, VII milles. (Voy. Hierus. S., 1480, 117). ...et aussi de ce que le roy tenoit la cité la ville ne luy povoit eschapper (COMM., II, 1489-1491, 188).

73

CITOYEN   
A. -

"Habitant d'une ville, d'une cité, citadin" : ...Jehan l'Orfevre et Mile Ranin, tous chitoiens d'Amiens (Hist. dr. munic. E., t.3, 1335, 733). Quant les chitoiens en veirent la maniere d'eulx, ilz fremerent leur ville affin que plus n'y entrassent. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 129). Tous furent de l'accord et se cueillierent plus de mille combatans, et aprouchierent Saint-Fagon et entrerent en la ville sans nul gait que les chitoiens firent sur eulx (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 130). Mais que les citoyens tenissent Leurs portes closes, ne n'ississent, Ja ne leur besongnast combatre (CHR. PIZ., M.F., II, 1400-1403, 181). ...cinq mil ducats prestés à messire Symon Cramaut, lors patriarche d'Alexandrie, aux evesques de Beauvaiz et de Meaux par Perceval de Vivaldes, citoyen de Jannes (BAYE, I, 1400-1410, 307). ...la somme de six vins cinq livres tournoiz, en deniers paiez à Anthonne Mercier, bourgois, citien et prevost dudit Mascon, auquel ladicte somme estoit deue pour pluseurs voyaiges par lui fais pour le fait du traicté et adhesion de la ville de Mascon à la bonne intencion de mondit seigneur (Comptes Etat bourg. M.F., t.2, 1418, 67). ...doit ledit Jehan de Noident la somme de 60 solz tournois, laquelle il a receue de Regnaulde, fille bastarde de Thierry Fremuot, dit de Dijon, citoien de Besançon, pour l'expedicion de sa legitimacion (Comptes Etat bourg. M.F., t.1, 1419, 209). Ez cités publiques ne peulz tu demourer sans avoir quelque regret au rabaiz de ton estat, et amere pointure de souffrir entre lez riches citoyens dangereuse indigence. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 12). Celle mesme nuyt les bourgeois, manans et habitans, et en géneral tous les citoyens d'icelle ville de Rouen désirans expeller iceulx Anglois, qui ne vouloient point aulcunement de traictié, mais vouloient faire à leur voulenté, envoyèrent sous main ung homme au Pont-de-l'Arche, ouquel lieu il arriva le dimanche au poinct du jour, pour là notifier et faire assçavoir au roy que il luy pleut de venir à leur secours, et qu'ils le mettroient dedens leur ville. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 148). Alors les glouz et affamez citoyens saillirent hors, et pour les mesaises qu'ilz avoient euz, et pour leur gloutemens, ne se peurent tenir qu'ilz ne bussent et mengassent largement (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 52). A tous je faiz commandement, Soyent nobles ou bien villains, Citiens, esclaves ou forains, Qui pourront pourter arme en guerre, Que briefment s'arment a grant erre Et montent a cheval, sans faille, Et s'en viennent, comment qu'il aille, Devant l'ostel imperial, Sur peinne d'estre desleal Et trahiteur a tout l'empire. (Myst. st Adr. P., c.1450-1485, 55). ...et fist logier ses gens tout à l'environ [devant Coustances], dont les citoiens furent moult esmerveillez, et eurent grant doubte d'estre prins de force. (ESCOUCHY, Chron. B., t.1, c.1453-14, 200). ...c'estoit d'ung tramblement de terre qui se fit ou royamme de Naples (...). Ruyna infinité de maisons (...) et perist enfans es bras de leurs meres, maris en accolemens de leurs femmes, contes et haulz nobles hommes en leur seignourie, puissans cytoyens aveuc toute leur famille (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 95). ...deux citoyens yssirent de la cité (LA MARCHE, Mém., III, c.1470, 171). Seigneurs, par tout court la nouvelle Que Lazaron, le grant terrien De Bethanie et citoyen, Est de ce monde deffiné (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 497). En ruines et en necessités Cités seront de citoyens dessans, Villes, chasteaux seront sans habitans Et ne seront plus d'humains visités (Cene dieux, c.1492, 121). Guillaume l'Englois, souverain astrologien et citoïen de Marseille, homme de grande experience et auctorité. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 119 v°).

74

COGNÉE   
A. -

"Grande hache à long manche et fer étroit (utilisée par les bûcherons, les charpentiers...), cognée" : Et sy y avoit poy de gens qui eussent hache ne cuignye, ne instrument pour loger ne pour boys coper (LE BEL, Chron. V.D., t.1, 1352-1356, 57). ....De haces, de martiaus, d'espée et de quignie, (...) De traire dars turquois y fu ly arramie. (God. Bouillon R., t.2, c.1356, 369). Entre ces arciers y avoit autres assallans qui portoient cuignies grandes et bien trençans dont, entrues que li arcier ensonnioient chiaus de dedens, il copoient les palis. (FROISS., Chron. L., III, c.1375-1400, 27). ...la premiere porte fut ouverte et la seconde rompue et brisiée par force de cuingines et de haches. (FROISS., Chron. M., XIV, c.1375-1400, 217). "Or tos, rompons les pons au lés devers nous..." On courut tantost as haches et as cuignies, et fu li pons devers la ville rompus. (FROISS., Chron. R., IX, c.1375-1400, 30). En la cuisine a une hache, Pierre, ou coingnie ; alez la prendre, S'en alez de la buche fendre (Mir. Pierre Changeur, c.1378, 272). ...oudit yver, en ouvrant ou boys d'Espernay, il print et embla une coignée à un sien compaignon qui estoit avecques lui oudit boys, laquelle coigniié il vendi depuis IIJ s. et demi, à un fevre (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 241). Item, pevent porter une congnié par la forest à leur usage dudit lieu, là où les autres coustumiers ne pevent porter que la houe et le mail. (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 55). Item, ont la branche sy hault comment ilz pevent ataindre à une congnie de trois piéz et demy de manche au-dessus de la roee de la charette (HECTOR DE CHARTRES, Cout. R., 1398-1408, 155). Entre lesquels en y avoit deux habillés en guise de charpentiers, portans chacun sa coignée sur le col. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 70). ...rompuz une arche et une huisserie, les bans de son hostel, prins une chaudiere, ung vosge, une cuegnée, et ompus [l. rompus] les parois de son hostel et despecié plusseurs autres edifices de sondit hostel (Ecorch. Ch. VII, T., 1444, 322). Par trois jours fut departy le vin que l'on donnoit chez le duc, pour les gens qui en demandoient, à coups de congnée, car il estoit gellé dedans les pippes et failloit rompre le glasson, qui estoit entier (COMM., I, 1489-1491, 168). Marteaux, coignees, tarieres, vibrequins... (LA VIGNE, V.N., p.1495, 134).

75

COLE1      | 2 | 3   
a)

"Colère" : Ils estoient fort esmeus et très-indignez et desplaisans du massacre, cy-devant rapporté, d'aulcuns de leurs citoyens et patriotes qui avoient ainsi esté meurdriz et tuez impitoyablement au susdit assault. Et s'ils eussent rencontré à icelle heure le sire de Talbot, et en la colle où ils estoient, selon leur commun langaige, ils l'eussent occis sans pitié aulcune (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 144). Au jour d'uy, debout ou adens, Ilz congnoistront mes chauldes coles. (LA VIGNE, S.M., 1496, 306).

76

COLLATION1      | 2   
1.

"Confrontation de points de vue, échange de vues, concertation, débat, discussion" : Et, mon tres redoubté Seigneur, en la presance de Vostre Majesté, ceste doubte a esté aultre foiz disputee, par maniere d'esbatement et de collacion, c'est assavoir se la puissance espirituele et la puissance seculiere sont divisees et toutes separees en divers suppos (Songe verg. S., t.1, 1378, 4). Et pour ce que une loy dist que, en arguant et en disputent l'en puet plus a plain savoir la verité de chascune question, mon entante est, pour cause de collacion et non aultrement, de soubstenir l'opynion dez Jacopins, ja soit ce que je croye fermement l'autre partie estre plus vraye. (Songe verg. S., t.2, 1378, 246-247). ...hors jugement, le juge peult estre present a la collacion faicte pour le seigneur en la cause qu'il a contre son homme ou subget (Instruct. ensaign. B.G., c.1386-1390, 38). [GD II, 182b.] Encores disoient les Escoçois, liquel congnissoient assés parfettement la nature des Englois, et l'un a l'autre par maniere de colation : "Et pensés vous pour ce, se nos rois a a fenme la serour dou roi d'Engleterre, que nous en doions mieuls valoir et estre deporté a non estre guerriiet, mais Dieus, nennil !" (FROISS., Chron. D., p.1400, 221). Si vouldra souvent parler a ses phisiciens, leur enquerra de son estat, et comme sage que elle sera, vouldra ouïr de leurs opinions, et que present elle aucunes foiz soient faictes leurs collacions sur le fait de la dicte santé. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 53-54). ...par leur faus consail et esmutation Enortèrent Loïs à leur colation Qu'il se desnatura par folle opinion (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 263). Ausquelz il sembla, après plussieurs collacions, que, pour avoir conclusion ès matières, il estoit besoing que les embassadeurs du roy allassent à Genève (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 52). ...depuis oulrent lesdits ambassadeurs plussieurs collations avec le pappe et les cardinaulx sur les articles de la pacifficacion de l'Église dessus touchée, et en aucuns le pappe se condessendit et ès autres non. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 56-57).

77

COLLATION1      | 2   
1.

"Confrontation de points de vue, échange de vues, concertation, débat, discussion" : Et, mon tres redoubté Seigneur, en la presance de Vostre Majesté, ceste doubte a esté aultre foiz disputee, par maniere d'esbatement et de collacion, c'est assavoir se la puissance espirituele et la puissance seculiere sont divisees et toutes separees en divers suppos (Songe verg. S., t.1, 1378, 4). Et pour ce que une loy dist que, en arguant et en disputent l'en puet plus a plain savoir la verité de chascune question, mon entante est, pour cause de collacion et non aultrement, de soubstenir l'opynion dez Jacopins, ja soit ce que je croye fermement l'autre partie estre plus vraye. (Songe verg. S., t.2, 1378, 246-247). ...hors jugement, le juge peult estre present a la collacion faicte pour le seigneur en la cause qu'il a contre son homme ou subget (Instruct. ensaign. B.G., c.1386-1390, 38). [GD II, 182b.] Encores disoient les Escoçois, liquel congnissoient assés parfettement la nature des Englois, et l'un a l'autre par maniere de colation : "Et pensés vous pour ce, se nos rois a a fenme la serour dou roi d'Engleterre, que nous en doions mieuls valoir et estre deporté a non estre guerriiet, mais Dieus, nennil !" (FROISS., Chron. D., p.1400, 221). Si vouldra souvent parler a ses phisiciens, leur enquerra de son estat, et comme sage que elle sera, vouldra ouïr de leurs opinions, et que present elle aucunes foiz soient faictes leurs collacions sur le fait de la dicte santé. (CHR. PIZ., Trois vertus W.H., c.1405, 53-54). ...par leur faus consail et esmutation Enortèrent Loïs à leur colation Qu'il se desnatura par folle opinion (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 263). Ausquelz il sembla, après plussieurs collacions, que, pour avoir conclusion ès matières, il estoit besoing que les embassadeurs du roy allassent à Genève (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 52). ...depuis oulrent lesdits ambassadeurs plussieurs collations avec le pappe et les cardinaulx sur les articles de la pacifficacion de l'Église dessus touchée, et en aucuns le pappe se condessendit et ès autres non. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 56-57).

78

COLLOCUTION   
"Conversation, entretien, pourparler" : Et le vicieus qui deffaut en ceste matiere et est appelé aigre, agreste et dur, il est inutile a telles colloqucions et esbatemens (ORESME, E.A., c.1370, 272). Et tele chose avient as collocutions ou desrenes ou as sentemens ou operations des choses ; ce est assavoir que nous amons plus toutes choses premieres. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 338). Le tiers remede est fuyr toutes males occasions et compaignies suspitionnees et ordes collocutions : Corrumpunt bonos mores colloquia prava. Femme qui ot volentiers mal parler est comme tout abandonnee [T-L cite un ex. de Gautier de Coinci dans l'éd. Barbazan-Méon, Fabliaux et Contes II, 427, 2 qui est la version fr. de la citation lat. de Gerson ; le mot est donc à dater du déb. du XIIIe s. et non pas de l'époque de Gerson, comme le dit L. Mourin, Scriptorium 3, 1949, 68]. (GERS., Annonc., a.1400, 237). Et là pourparlèrent ensemble bien longuement, tant que après plusieurs collocutions et discours, fut conclu et arresté que... (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 145). ...aprés grans collocussions Du roy au duc saigement ordonnees Et grans raisons l'un a l'autre donnees (LA VIGNE, V.N., p.1495, 163).

79

COMMENCEMENT   
-

De / du commencement. "Au début, tout d'abord" : Dont s'aresterent li François tout quoi, et s'esmervillierent quels gens ce pooient estre, qui la se tenoient ; et quidierent de conmencement que ce fuissent chil de Camperle qui les venissent combatre (FROISS., Chron. D., p.1400, 540). Parquoy [les Français] furent fort recullez du conmencement (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 40). ...du commencement elle a fait merveilles de servir. Mais en effect, voiant que sa maistresse se fioit fort en elle... (MART. D'AUV., Arrêts Am. R., c.1460-1466, 82-83).

80

COMMOTION   
1.

"Soulèvement populaire, émeute" : Afin que les povres ne soient trop puissans et que il ne faicent aucune commotion contre les autres. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 195). Et pour ce ont il plus grande volenté et plus grande puissance de faire commotions et nouveltés contre la policie. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 232). Item, par ceste chose sunt evités les mals qui pevent venir du descort qui dureroit entre les parties et les perilz qui se pourroient ensuir de la division des juges ou des citoiens, si comme sedition ou commotion et perturbation de la policie. (ORESME, Pol. Arist. M., c.1372-1374, 261). Et, par la commocion et desroy qui fu en la dicte ville, il convint que les diz arcevesque et contes s'en alassent assez hastivement (Chron. Jean II Ch. V, D., t.1, c.1375, 109). ...ou temps de la commocion qui derrenièrement a esté audit lieu (...) ilz trouvèrent grant multitude de peuple de la dicte ville, qui leur dirent qu'ilz venissent avecques eulz. (Ch. VI, D., t.2, 1382, 177). ...en recompensacion de la somme de deux cens frans que le dit Hervieu perdi en la ville de l'Escluse en Flandres ou mois d'aoust l'an mil trois cens quatre vins et cinq, des deniers que il avoit de nous lors pour cause de l'office des garnisons de nostre seconde armee de la mer dont il fut maistre, lesquiex furent perduz par un effroy et commocion qui lors survint et fu en ladite ville par les gens et habitans d'icelle a l'encontre de noz gens (Clos galées Rouen M.-C., t.1, 1387, 314). ...pour le temps de la commocion derrenierement advenue en la ville de Rouen (...). Et pour ce que par les gens qui firent icelle commocion il fu du tout desrobé et mis à povreté, afin de gangnier sa vie, comme dit est, se parti d'icelle ville (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 484). ...encore n'estoit couronné, entra à Paris à grant compagnie, après une grant commossion en la ville, qui contre lui ot esté (CHR. PIZ., Faits meurs Ch. V, S., I, 1404, 66). ...pour ce que lesdictes lettres n'estoient en forme deue et que la publicacion d'icelles pour lors pourroit susciter commocion, esclande ou dommage en la ville de Paris (FAUQ., I, 1417-1420, 301). Durant lequel temps, le chancelier, les présidens de parlement et autres sages en grant nombre, voians icelle esmeute, pour concorder iceulx princes et éviter le grant péril qui s'en povoit ensuivir, tantost s'en alèrent à l'hostel d'Anjou devers les princes dessusdiz, et conséquemment après envoièrent devers ledit duc d'Orléans certain message pour lui signifier la commocion qui estoit dedens Paris (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.1, c.1425-1440, 124). Et là avoient continuellement, jour et nuit, plusieurs, grans doubtes que par aucuns de la partie d'Orléans ne feussent soubstraiz et emmenez. Et adonques, la Royne, oiant par son frère le commandement que lui faisoient les dessusdiz, doubtant leurs commocions, se parti dudit lieu de Corbueil et s'en retourna audit lieu de Meleun (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.2, c.1425-1440, 169). Et ce mesmes jour fut fait un édict royal contre ceulx qui ne se confioient point bien en la paix, lesquelz adevent et sement paroles au contraire mal sonnans, et qui ne se pevent ou veulent abstenir d'appeler et surnommer l'un l'autre par paroles souvent sonnans divisions pour mectre et esmouvoir gens à commocion, discorde ou rumeur pour engendrer nouveaulx débas. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.2, c.1425-1440, 407). Et asses tost après leur département, furent prins et exécutés ès halles de Paris le bourrel dudit lieu et deux autres ses compaignons, comme cappitaines et ennorteurs de ladicte commocion et occision (Chron. anon. Ch. VI, D.-A., c.1431, 263). En ce mesmes temps et oudit an, environ la fin de karesme, commença grant commocion de peuple en la ville et cité de Londres, duquel peuple estoit ducteur et conduiseur le maire de ladite cité, lesquelz, par l'instigacion de l'ennemy, esmeuz de leur voullenté desraisonnable, tuèrent inhumainement l'evesque de Celeste (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 65). Si advint que quand le desusdit conte d'Estampes fut en la ville de Tournay, et qu'il eust ordonné à prendre possession à ung nommé maistre Estievene Vivien, une grand partie de ceulx de la ville ne furent point de ce contens et se assamblèrent en grand nombre par manière de commocion. Si alèrent en l'église où estoit ledit Vivien, assis en la chayère de l'évesque, faisant les cérémonies et appréhencions qui lui avoient esté commises à faire ou nom d'ycelui Chevrot [à qui le Pape a octroyé l'évêché de Tournai], en prenant la possession de l'éveschié. Si le tirèrent jus de ladicte chayère très rudement, en lui desrompant son sourplis et aultres habillemens. (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.5, c.1444-1453, 60). Sachés, sire, que noustre loy Est perdue et noustre foy Sc'il n'y a brief provissiom. Le peuple est en comocion, Despuis qu'a vous nous ne parlasmes, Et que de cy nous en alasmes, D'unng grand mechief qui est venu. (Myst. st Sébast. M., c.1450-1500, 155). ...les gens du conseil (...) nous ont escript (...) que, à l'occasion du differend et procés pendent par devant vous en nostre court de Parlement (...), se sont faictes et font chascun jour plusieurs murmures et commotions entre ceulx du clergié et autres dudict pays de Flandres (Lettres Ch. VIII, P., t.2, 1489, 320).

81

COMPAGNON   
.

"Soldat du rang, fantassin (et qui est affecté, lors des sièges, aux travaux ouvriers)" : Ces gens d'armes fissent lor quelloite de compagnons, et tant que il furent environ mille armeures de fier. (FROISS., Chron. D., p.1400, 346). ...prenderés .CC. compagnons et .Vc. archiers, et saudrés hors sus le point dou disner, et irés escarmuchier et estourmir l'oost. (FROISS., Chron. D., p.1400, 552). Est entendu que ceulx qui s'en voudront aller, lesquels peuvent emporter leurs biens par le traicté dessus dit, en iceulx biens sont comprins toutes manières de meubles, sauf canons, coulevrines, arbalestes et autre semblable artillerie, si non que ce soient les ars et trousses aux compaignons, et aux arbalestriers leurs arbalestes. (Doc. 1449. In : CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 99). ...chevaliers, escuiers et compaignons (BUEIL, II, 1461-1466, 137). Et de faict il falloit atteler les chevaulx et grant nombre d'hommes par derriere, affin de retenir la dicte artillerie en devallant contre bas, laquelle chose fut plus penible ou du moins trop plus dangereuse beaucoup qu'a la monter. Et de fait plusieurs compaignons d'icelle artillerie (...) soustindrent des paines innumerebles (LA VIGNE, V.N., p.1495, 278). Et maint chevalier ou compaignon, s'ilz eussent esté a cest choix... (Charles de Hongrie C., c.1495-1498, 51).

82

COMPLOTER   
"Préparer un complot" : ...et aprés ce que le mari ot comploté avec le curé de celle eglise de la chose qu'il entendoit a faire, il se vesti tantost de surpelliz (PREMIERFAIT, Décaméron D., 1414, 794). ...et complota avec eulx deux quoi chascun d'eulx devoit faire et dire pour avoir esbatemant de l'amouracherie de Calandrin (PREMIERFAIT, Décaméron D., 1414, 1042). ...car ton mari Calandrin est enamourez d'une femme qui est tant vile, que aulcune foiz elle se enserre avec lui, et ung pou avant ce jour ilz ont comploté ensamble d'eulx solacier dedans brief temps. (PREMIERFAIT, Décaméron D., 1414, 1047). ...ils baillèrent à entendre ausdits Anglois ce qu'ils voulurent ; et là fut par eulx machiné et comploté grande trahison, pour laquelle mectre à effect fist le roy d'Angleterre assembler son conseil. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, 1452,,, 331).

83

COMPOSITION   
1.

[Domaine militaire] "Dispositions, conditions en vue d'une reddition" : Dune aide (...) pour poier à Messire Bertran Duguesclin partie de XIIIIm frans qui li estoient deuz pour une composition faitte avec li pour le vuidement du chastel et ville de Carenten (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 33). À Martin Paulet, pour lors cappitaine de Cherebourg (...) pour une composition faitte par mes dis seigneurs au cappitaine de St Sever par VIxxX frans pour tenir le païz de Monseigneur, hors le Clos de Costentin, quitte et paisible de toutes raencons, services, aides et autres servitudes (Compte Navarre I.P., 1367-1371, 227). Et toutesfoiz, il est notoyre aux marchans expers ou royaume de France que lesdictes marques [i.e. droit de représailles] ont fait dommage ou royaume de Gaule par adventure cent fois plus que la composicion n'eust monte. (MÉZIÈRES, Songe vieil pèl. C., t.2, c.1386-1389, 421). ...durant le temps desdictes treves, en enfraignant ycelles, les gens du Roy, par composicion, à tiltre d'achat ou autrement, avoient occupé ladicte forteresse (FAUQ., I, 1417-1420, 350). Car pour sauver le sang humain, il leur bailla gracieuse composicion, et telle que, parmy certain présent qu'ilz luy firent de vaisselle dorée, qu'ilz luy donnèrent, avec deux cens mille escuz, qu'ilz paièrent pour le deffrayement dudit siège, ilz demourèrent en leurs franchises et libertez, comme ilz estoient par avant, sans riens sur eulx innover ne chose nouvelle réclamer. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 47). ...et le [le chastel de Corbenfin] print (...) tant par force que par composicion (LE BOUVIER, Chron. Ch. VII, C.C.J., c.1451-1455, 7). Si firent le guet celle nuyt devant le chasteau, et fut le plus beau guet qui eut esté en France passé a longtemps. Et ceste nuyt fut faicte la composicion et se rendirent au bien matin. (GRUEL, Chron. Richemont L., c.1459-1466, 72). Puis au long aller fut faicte composicion, et se rendirent les Angloys, leurs vies sauves et leurs biens, et encores eurent-ilz de l'argent. (GRUEL, Chron. Richemont L., c.1459-1466, 201). ...à quoy faire ilz furent contens [lesdiz Picard et ceulx de sadicte compaignie], et à tant se departirent et s'en retournerent en ladicte ville de Neelle et dirent ausdiz frans archers leur composicion et comment ilz devoient laisser leurs biens, chevaulx et harnoys et eulx en aler leurs vies saulves. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 269). ...l'armée que le roy avoit envoiée en la Haulte Bourgongne pour recouvrer ses villes contre lui rebelles, et dont avoit la charge le gouverneur de Champaigne, nommé d'Amboise, prospera fort, et regaignerent et mirent es mains du roy la ville de Verdun, Monsaugon et Semur en l'Auxois, tant par assault que composition. (ROYE, Chron. scand., II, 1460-1483, 74). ...la cité de Bayonne (...) fut assiégée et se rendit par composition. (BUEIL, I, 1461-1466, 30). Et, sur ce, prindrent conseil et conclurent d'eux rendre. Et fut leur composicion qu'ilz s'en alerent, chevaulx, harnoix, or et argent ; mais ilz baillerent le chastel et toute l'artillerie qui estoient dedans et tous les prisonniers qui estoient en la place. (BUEIL, II, 1461-1466, 117). Monseigneur des Cordes y avoit bonne intelligence ; et aussi de ce que le roy tenoit la cité la ville ne luy povoit eschapper. Par quoy firent une composition en rendant la ville, laquelle fut assez mal tenue, dont eut partye de la coulpe le seigneur du Lude. (COMM., II, 1489-1491, 188). Pareillement fut hyer pris et mis en mon obeissance le chasteau de Gayette, et se sont ceux qui estoient dedens rendus par composition, leurs vies sauves et leurs biens à ma volonté. (Lettres Ch. VIII, P., t.4, 1495, 185). ...luy vindrent nouvelles que ceulx de Florence avoient prins une place apartenant aux Pisains par composition, et aprés les avoyent tuez, et puis mangé leur cueur. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 300).

84

CONCERTER   
I. -

Concerter qqc. "Projeter qqc. en commun" : Et finablement, après plussieurs réplicques, fut appoincté que l'arcevesque de Rains (...), avec lui l'évesque de Lect et Messire Jehan le Bourcier, yroient encores à Romme pour avoir certaines lettres dont la fourme fut entre eulx et d'un commun adcord advisée et concertée (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, 1448-1449, 59).

85

CONCLUSION   
1.

"Règlement, dénouement" : ...s'a celle conclusion Il n'empetre remission, Jamais jour n'i vendra a temps (CHR. PIZ., M.F., I, 1400-1403, 105). Ausquelz il sembla, après plussieurs collacions, que, pour avoir conclusion ès matières, il estoit besoing que les embassadeurs du roy allassent à Genève (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 52).

86

CONDESCENDRE   
-

Se condescendre à qqc. "Consentir à qqc." : Laquelle chose elle refusa et contredit aucunement, en disant qu'il la vouloit deshonnorer. Et finablement se condescendi à sa requeste et prière, et sans grant refuz ou violence le congnust charnelment. (Ch. VI, D., t.2, 1382, 228). Porrus mesler a Alixandre Se veult, s'il s'i veult condescendre (CHR. PIZ., M.F., IV, 1400-1403, 53). A quoy pour le bien de la paix lesdits ambassadeurs se condessendirent. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 57). CAÿN. Perturbé suis en admirance De veoir celle fumee descendre, Car j'apparçoy sans difference Que Dieu ne s'y veult condescendre. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 104).

87

CONDESCENDRE   
-

Se condescendre en qqc. "Consentir à qqc." : ...depuis oulrent lesdits ambassadeurs plussieurs collations avec le pappe et les cardinaulx sur les articles de la pacifficacion de l'Église dessus touchée, et en aucuns le pappe se condessendit et ès autres non. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 56-57).

88

CONDUISEUR   
-

"Celui qui est à la tête d'une rébellion, d'une trahison" : Dist et monstra li dis baillius que du dit orible et énorme fait et mellée estoient principal kievetain et conduseur les personnes après nommez, par le commune fame sour eaux courrant, et que d'icelle fame et présumption il avoit fait infourmation deue devant eschevins (Hist. industr. drapière Flandre E.P., t.3, 1381, 792). ...excepté a ceulx qui sont gentilz hommes et qui ont esté principaulx capitaines et conduiseurs de ladicte assemblée, parmi ce que chascun d'eulx paiera du moins X livres parisis d'amende (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1424, 106). En ce mesmes temps et oudit an, environ la fin de karesme, commença grant commocion de peuple en la ville et cité de Londres, duquel peuple estoit ducteur et conduiseur le maire de ladite cité, lesquelz, par l'instigacion de l'ennemy, esmeuz de leur voullenté desraisonnable, tuèrent inhumainement l'evesque de Celeste (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 65).

89

CONGRÉGATION   
-

"Assemblée délibérante ; délibération" : Apriès firent li clerc, par juste élecquesion, Ung lieutenant de Dieu sans déception. Fu pris et eslieus par congrégation, Non pas par simonnie, ne par ambition, (...) Mais pour se pauvretet et sa compasion. (Geste ducs Bourg. K., c.1410-1419, 360). Et pour venir, nostre très souverain seigneur, ausdiz aide, confort et conseil que vous avez requis de voz dessusdiz nobles et bourgois, que vous, pour le présent, avez mandez, vostre fille et voz subgetz dessusdiz vouldroient bien qu'il pleust à Dieu de leur donner grace de vous bien conseiller et conforter. Car à ce faire sont prestz d'exposer leur corps et leur avoir de bon et loyal cuer, comme ilz y sont tenus ; et ainsi ont-ilz derrenièrement conclud solemnellement en la derrenière congrégacion. (Doc. 1412. In : MONSTRELET, Chron. D.-A., t.2, c.1425-1440, 326). Et plaise ausdiz seigneurs qu'en toute seureté, expédient et neccessité, soient advisées et mises avant voies et manières à obvier à toutes suspicions et inconvéniens à ladicte congrégacion. Ouquel lieu lesdiz seigneurs viendront de très bon cuer pour adviser et pourveoir au bon estat de ce royaume et au vray pacifiement d'icellui. (Doc. 1413. In : MONSTRELET, Chron. D.-A., t.2, c.1425-1440, 386). ...afin qu'il voulsist remonstrer ou faire remonstrer la neccessité et estat de ce royaume, et ce que dit est dessus, en assemblée ou congregacion de ladicte Université (FAUQ., I, 1417-1420, 178). Et puis firent désolucion de leur congrégacion qu'ilz tenoient pour concille. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 59). Lesquelles choses les eschevins remoustrèrent aux bourgois et aux doyens des tisserans et des aultres mestiers de Gand, en la place à ce ordonnée en l'ostel de la ville, adfin que sur ce ilz eussent advis chascun avec ceulx de son mestier, et ce que ilz trouveroient en conseil, ilz le raportassent lendemain à la loy. Et adonc chascun mestier fut sur ce en congrégacion ès lieux acoustumés en tel cas. Si revindrent les dessusdiz doyens faire leur raport à la loy, le XIXe jour d'octobre. Et après pluiseurs interrogacions concordèrent aux fèvres leurs dictes requestes (MONSTRELET, Chron. D.-A., t.5, c.1444-1453, 321-322). Or estoit nostre Saint Pere sur son partement de Senne (...). Si party de la ville de Senne et s'en vint a Florence (...). Et de la partant, s'en alla a Boulongne la Grasse, et puis a petites journees a Mantoie, la ou estoit assise la congregation (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 221). Cestui respondit en plaine congregacion d'icelle Université que le livre de Almageste que aucuns folz theologiens vouloient condempner pour ce qu'il passoit leur sens, et dit que le contenu de ses conclusions estoit le livre ouquel l'engin humain reluisoit le plus. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 154 r°).

90

CONJECTURE   
-

Au plur. "Présomptions qui se recoupent, conjectures" : ...et pour ce que partie a requiz les delinquans soient puni, le welt, maiz parce qu'est innocent, lui ne doit point estre puni, attendues les conjectures (BAYE, I, 1400-1410, 107). ...et, pour aucunes conjectures assez apparens, ledit duc de Bourgoingne, doubtant estre deceu (FAUQ., I, 1417-1420, 317). ...dont on avoit aperceu pluiseurs conjectures et vehementes presumpcions contre ledit mareschal (FAUQ., II, 1421-1430, 17). ...mais tout cela estant venu à la congnoissance dudit Houel par certaines congectures, envoya hastivement en advertir et quérir ledit sieur de la Roche-Guyon (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 118). ...les [choses] passeez et presentes [toutes femmes] scevent de leur propre nature selon les conjectures et dispositions des temps, des personnes, des auguremens des oiseaulx et des bestes, et brief de toutes autres creatures (Ev. Quen., I, c.1466-1474, 77). Guillermus Anglicus, citoïen de Marseille, composa le livre De urina non visa, procedant par autres conjectures que cellui dont dessus est faicte mencion. (SIMON DE PHARES, Astrol., c.1494-1498, f° 114 r°).

91

CONSONNER   
a)

"S'accorder avec qqc., être en accord, en harmonie avec qqc." : ...lez bontés et lez vertus ne sont jamaiz discordans ne derrogans ensemble, ainçoys consonent et acordent bien avecquez bien, et verité avecquez verité. Mais entre les vices a contrarieté et debat, et mettent en trouble et en discention sur soy mesmez la pensee ou ilz habitent. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 88). ...Maistre Guillaume Chartier, évesque de Paris (...) pour remercier Dieu, qui de sa grâce avoit voulu et permis ladite victoire estre obtenue par le très chrestien roy de France à l'encontre de ses anciens ennemis les Anglois, en consonant au dire du Psalmiste : "Domine, ex ore infantium et lactantium, perfecisti laudem, etc.", ordonna une procession solemnelle estre faite en l'église de Nostre-Dame de Paris (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 200). Oncques depuis n'oyt accord Qui consonnast a melodie, Et quant mon âme fut partie Du corps par la mort qui tout prent, Grans et petis incontinent, Je fus en infer trebuchié Ou j'ay moult durement couchié Par l'espasse de cinq mil ans. (MARCADÉ, Myst. Pass. Arras R., a.1440, 235). Conqueste, bien sacent tous, ne se fait nulle part du sien ; conqueste se fait sur l'autrui. De parvenir au sien, c'est recuevre, et revenir au sien perdu par armes n'est pas concquerre ; mes amplier sa seigneurie par force, cela y consone. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 316). ...ses glorieux faiz consonnent mieulx a recouvrance qu'a concqueste. (CHASTELL., Chron. IV, D., c.1461-1472, 316).

92

CONSORT   
A. -

"Celui qui partage le sort d'un autre, qui est associé à un autre (dans une action, dans une requête...), compagnon" : Donques entre vous, ministres de l'Yglise, qui estes en prosperité, en soulas et en joe, n'estes pas consors ne conpaignons dez tribulacions dez Apostres et, par consequant, ne devés mie estre participans de leur consolacion pardurable. (Songe verg. S., t.1, 1378, 18). Sachent tous, et vous Françoys, que descongnoissance de Dieu et faulte de justice vous ont aconstumé a sacrilege. Aprenés, se ne le sçavez, que ceste seulle offence suffist a confundre royaulmez et seigneuriez, a destruire et dissiper ostz et bataillez, et pour le pechié d'un fayre ses consors maleureux. (CHART., L. Esp., c.1429-1430, 61). Lesquelles requestes leur furent accordées par ledit conte de Dunois et les aultres du grant conseil du roy dessus nommez, par ainsi toutes voyes que ledit arcevesque et ses consorts depputez promectoient de rendre et de remectre ladite ville et cité (...) en l'obéissance du roy. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 147). J'acumulle et amasse En mes dangiers les foibles [et] les fors ; Ou qu'il me plaist, je monstre mes renfors Et ceulx qui ont besoing de mes consors, S'a gré me vient, partaige leur en foys. (LA VIGNE, V.N., p.1495, 161). Dieu nous face avec luy consors En son hault trosne triumphant. (Myst. st Laur. S.W., 1499, 244).

93

CONSORT   
-

"Complice, partisan" : ...mais ou contempt dudit appoinctement, et contre la teneur et l'exécution d'iceluy, avoit détenu et occupé, et encore de présent détenoit et occupoit, luy et ses consorts, les susdits palais et chastel d'icelle ville de Rouen (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 153). Advisez en ceste matiere Pour ces Anglois bouter dehors, Faire morir de mort amere Tous leurs aliez et consors. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 243). Les deables t'ont bien rapporté, Faulx larron et tous tes consors, Car a tormens hideux et fors Sera vostre groing huttiné. (Myst. Pass. Troyes B., a.1482, 1039).

94

CONSTITUER   
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Constituer qqn prisonnier. "Mettre qqn en prison" : Avec luy fut aussi constitué prisonnier ung nommé Jacques Charrier, clerc de ce mesme receveur, mais il fut mis en prison séparée ; lequel, par le commandement de son maistre et comme complice dudit crime, avoit rayé et regraté plusieurs sommes de deniers, pour icelles convertir au dommaige et à la perte du roy (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 245). Et se mestier est d'arrester et constituer prisonniers lesdiz patrons pour les cas et charges dont ilz ont esté trouvez coulpables par les informacions et procès faiz contre ledit Cuer (Aff. Jacques Coeur M., 1453-1457, 17). ...pour lequel exploict ledit bedeau fut constitué prisonnier en la conciergerie du Palais royal, audit lieu de Paris. (ROYE, Chron. scand., I, 1460-1483, 9). ...icellui suppliant a esté constitué prisonnier ès prisons de la justice dudit lieu de Mauzé et esté fait son procès et s'est porté pour appellant de ce que on le vouloit mettre en geheyne et torture, lequel appel il a relevé par devant le gouverneur de la Rochelle où est le procès pendant indecis (Doc. Poitou G., t.12, 1482, 522).

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CONSULTATION   
A. -

"Action de prendre avis et conseil auprès de qqn, d'échanger des avis, de délibérer (sur qqc.)" : L'eage de adolescence convient aussi former par consultation ou par conseil, car des anchiens et des maistres doivent requerir conseil et a eulx humblement foy adjouster (DAUDIN, De la erudition H., c.1360-1380, 294). Item, il avient aucunes fois que la consiliacion ou consultacion dure trop lonctemps, et aucune fois que elle dure trop peu (ORESME, E.A., c.1370, 350). Ung parlement fu fait et ajousté pour avoir certaine consultacion et avis des besoingnes du royaume. (FROISS., Chron. M., XII, c.1375-1400, 240). ...elle qui parle, veant et considerant en soy que dudit sire de Nouvion elle ne povoit avoir aucun aide, remede ou prouffit (...) sanz deliberacion, consultacion ou ennortement d'aucune personne, print sondit filz (...) et icellui filz porta et leissa en la court dudit sire de Nouvion (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 128). ...et ne puet icelle abbéesse faire aucune consultacion touchant son abbaye que il ne soit le premier au conseil appellé. (Ch. VI, D., t.1, 1390, 102). Et ce pendant les presidens et conseilliers de la Court ont esté occupez en consultacions et jugemens de procès autresfoiz receuz es Parlemens precedens pour jugier. (FAUQ., I, 1417-1420, 44). ...après pluiseurs grans consultations et discussions ainsi faictes librement à très grant et meure deliberacion (FAUQ., I, 1417-1420, 55). En laquelle matiere, lesdis gens du Conseil du Roy estans à Creeilg, veuz iceulz advis, avoient eu aucunes consultacions et deliberacions (FAUQ., I, 1417-1420, 107). Mecredi, VIIJe jour de septembre, feste de la Nativité Nostre-Dame, fina ce Parlement, tant en plaidoiries que en consultacions (FAUQ., II, 1421-1430, 109). ...les seigneurs dessusdits furent en consultacion et tinrent conseil par ensemble (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 261). Messeigneurs, nous avons ouye Cy present l'alegacion Requerant en ceste partie Par nous consultacion. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 95). A vostre deliberacion Vueil faire de ce que direz, Et la consultacion Feray comme vous ordonnerez. (Myst. siège Orléans H., c.1480-1500, 379).

Rem. BERS. ds GDC IX, 170c.

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"En représailles de" : ...icellui Colin, prisonnier, et par serement, cogneut et confessa que, en hayne et contempt de ce que feu Pierre Vimaches, pour raison dudit cheval, l'avoit fait adjourner par davant ledit mons. le prevost, pour estre païé des XXXIJ s. dessus dis, qu'il avoit acheté icellui cheval (...), fery icellui Pierre d'un baston de fagot qu'il tenoit en sa main un ou plusieurs coups sur la teste (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 179). ...depuis, et nonobstant lesdites injures à elle faites par ledit prisonnier, icellui prisonnier est alez par plusieurs fois devers elle, eue compaignie charnelle à elle qui parle, et tant que sondit feu mary lui dist qu'il s'estoit aperceu que ledit prisonnier frequentoit avec elle, et, ou contempt de ce, bati et feri de coups orbes moult durement ladite deposant. (Reg. crim. Chât., I, 1389-1392, 270). ...IIJ mois avoit ou environ, ou content de ce que un juif du nom duquel il ne se recorde, demourant à Trevou, ne lui vouloit païer XIJ d. qu'il lui devoit, il print et embla à icellui juif un mantel (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 47). ...lors il vint à la congnoissance de la Court par les plaintes et rappors de pluiseurs que lesdis boulengiers, en contempt desdictes ordonnances (FAUQ., I, 1417-1420, 353). Et alors en despit ou contemps des paroles proferées par ledit Thomas, ycellui exposant jetta un godet de terre contre le mur. (Paris domin. angl. L., 1420, 2). ...mais en contempt de ce que ledit pere ne retourna point devers eulx, comme promis l'avoit, mirent ledit Jehannin es fers (Chancell. Henri VI, L., t.1, 1424, 151). ...les Allemans se boutèrent dedans ladite ville de Saint-Ypolite, et en contempt de l'obéissance qu'ilz avoient faicte audit Daulphin, boutèrent le feu, et ardirent toute icelle ville (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 46). ...et doubterent que, ou contempt et en contrevenge de la guerre et des donmages que ilz avoient fais et faisoient au roy et à la ville de Paris et en tout le païs d'environ, le roy leur vousist faire aulcun desplaisir ou donmaige (MAUPOINT, Journ. paris. F., p.1465, 89).

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"Au mépris de" : Et vint nostredit cousin de Bourgoingne à tout sa puissance près et entour nostre ville de Paris, et ou content de nous et de noz deffences, inhibicions et commandemens, amena avec luy et tient lesdiz malfaicteurs et crimineulx ou grand partie d'iceulx (Doc. 1414. In : MONSTRELET, Chron. D.-A., t.6, c.1444-1453, 147). ...mais ou contempt dudit appoinctement, et contre la teneur et l'exécution d'iceluy, avoit détenu et occupé, et encore de présent détenoit et occupoit, luy et ses consorts, les susdits palais et chastel d'icelle ville de Rouen (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 153).

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Non content de. "Qui ne se borne pas à, qui ne se satisfait pas de" : Et, sanz plus autre chose dire, le batirent, navrerent et mutilerent moult fort dedens ledit monstier, et encores, non contens de ce, lui osterent et emporterent une bonne aumusse doublé de vermail et un bon chapperon vermail (Reg. crim. Chât., II, 1389-1392, 224). Et non contens encore de ladite prinse, allèrent courir en la duché de Bretaigne, prendre prisonniers, appatissier le pays, tuèrent gens et générallement firent tous exploitz acoustumés au fait de guerre. (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 61). Damp cordelier, non content de ceste offre, demande qu'il luy assigne sa vie (C.N.N., c.1456-1467, 36). ...non encores content tant d'avoir veu et cogneu pluseurs choses estranges et merveilleuses, comme d'avoir gaigné largement... (C.N.N., c.1456-1467, 126). ...non contempz aucuns de m'avoir osté les biens de fortune... (CHASTELL., Temple Boc. B., 1463-1464, 97).

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CONTREMAIRE   
"Vice-maire" : ...maire et contre-maire de Bourdeaulx (Doc. 1451. In : CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 291).

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CONTROVERSION   
"Controverse, querelle" (synon. controversement) : ...fut journee mise (...) Pour eslire unc evesque ; et là vorent venir Prelas et dus et contes qui mult font à chierir. Mains controversion vont droit-là raverdir (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.4, a.1400, 724). Entre Johan Depont et Hoyois bonnement Ot controversion et si lait parlement... (JEAN D'OUTREM., Geste Liège B.B., t.6, a.1400, 654). ...pour parler ensemble de la matière, et sçavoir qu'ils avoient à faire. En traitant de laquelle vindrent en grant discord et controversion (CHART. J., Chron. Ch. VII, V., t.2, c.1437-1464, 107).

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